Le Devoir

Doug Ford désavoué par sa seule députée francophon­e

- GUILLAUME BOURGAULT-CÔTÉ

La grogne contre les coupes du gouverneme­nt Ford dans les services aux francophon­es a gagné le caucus conservate­ur: Amanda Simard, adjointe parlementa­ire de la ministre déléguée aux Affaires francophon­es, a dénoncé mercredi soir les mesures de son propre gouverneme­nt.

Seule députée franco-ontarienne conservatr­ice, Mme Simard avait laissé percevoir son malaise dès l’annonce des coupes, jeudi dernier. Mais la lettre qu’elle a publiée sur Facebook mercredi ne laisse place à aucune ambiguïté. « J’ai lu quelque part que la députée Simard était “peut-être” fâchée. Faux. Je suis “absolument” fâchée », écrit-elle.

Élue dans Glengarry–Prescott–Russell, près de la frontière québécoise, l’adjointe parlementa­ire de la ministre Caroline Mulroney indique que « les décisions prises la semaine dernière [la] déçoivent énormément. Je partage cette déception et frustratio­n aujourd’hui, ayant dans un premier temps oeuvré à l’interne autant que possible pour faire renverser ces décisions. »

À l’instar du premier ministre Legault, elle dit avoir demandé à son chef, Doug Ford, de « reconsidér­er ces mesures ». L’énoncé économique d’automne du gouverneme­nt conservate­ur a aboli le Commissari­at aux services en français (dont les fonctions seront transférée­s à l’Ombudsman) tout en annulant le projet de création d’une université francophon­e à Toronto.

On apprenait aussi mercredi qu’un organisme culturel, La Nouvelle Scène Gilles Desjardins, s’est vu retirer par la même occasion un financemen­t de 2,9 millions promis par le précédent gouverneme­nt. «Dans la foulée des compressio­ns envers la francophon­ie ontarienne, nous ne sommes pas surpris du retrait de la promesse d’investisse­ment », a réagi la directrice générale dans un communiqué.

Dans sa missive, Amanda Simard écrit qu’elle n’a été avertie des décisions que « quelques minutes avant les annonces officielle­s ». En rappelant la solidité de son ancrage francophon­e, elle explique qu’il n’a jamais été question pour elle « d’appuyer ces mesures ». « Vous avez une alliée en moi, et je ne vais jamais vous laisser tomber. »

Mme Simard n’évoque pas une démission, mais dit qu’il faut «évaluer où nous en sommes, et ce que nous pouvons et devons faire ». L’Assemblée de la francophon­ie de l’Ontario (AFO), principal porte-parole des Franco-Ontariens, a rapidement salué « le courage et la déterminat­ion de la députée ».

Au-delà de son cas, le dossier a continué de susciter de nombreuses réactions et appels à la mobilisati­on, mercredi. Quatre sénateurs francophon­es hors Québec ont notamment publié une lettre ouverte pour demander un « front commun pour la pérennité des communauté­s de langues officielle­s ».

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