Doug Ford désavoué par sa seule députée francophone
La grogne contre les coupes du gouvernement Ford dans les services aux francophones a gagné le caucus conservateur: Amanda Simard, adjointe parlementaire de la ministre déléguée aux Affaires francophones, a dénoncé mercredi soir les mesures de son propre gouvernement.
Seule députée franco-ontarienne conservatrice, Mme Simard avait laissé percevoir son malaise dès l’annonce des coupes, jeudi dernier. Mais la lettre qu’elle a publiée sur Facebook mercredi ne laisse place à aucune ambiguïté. « J’ai lu quelque part que la députée Simard était “peut-être” fâchée. Faux. Je suis “absolument” fâchée », écrit-elle.
Élue dans Glengarry–Prescott–Russell, près de la frontière québécoise, l’adjointe parlementaire de la ministre Caroline Mulroney indique que « les décisions prises la semaine dernière [la] déçoivent énormément. Je partage cette déception et frustration aujourd’hui, ayant dans un premier temps oeuvré à l’interne autant que possible pour faire renverser ces décisions. »
À l’instar du premier ministre Legault, elle dit avoir demandé à son chef, Doug Ford, de « reconsidérer ces mesures ». L’énoncé économique d’automne du gouvernement conservateur a aboli le Commissariat aux services en français (dont les fonctions seront transférées à l’Ombudsman) tout en annulant le projet de création d’une université francophone à Toronto.
On apprenait aussi mercredi qu’un organisme culturel, La Nouvelle Scène Gilles Desjardins, s’est vu retirer par la même occasion un financement de 2,9 millions promis par le précédent gouvernement. «Dans la foulée des compressions envers la francophonie ontarienne, nous ne sommes pas surpris du retrait de la promesse d’investissement », a réagi la directrice générale dans un communiqué.
Dans sa missive, Amanda Simard écrit qu’elle n’a été avertie des décisions que « quelques minutes avant les annonces officielles ». En rappelant la solidité de son ancrage francophone, elle explique qu’il n’a jamais été question pour elle « d’appuyer ces mesures ». « Vous avez une alliée en moi, et je ne vais jamais vous laisser tomber. »
Mme Simard n’évoque pas une démission, mais dit qu’il faut «évaluer où nous en sommes, et ce que nous pouvons et devons faire ». L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), principal porte-parole des Franco-Ontariens, a rapidement salué « le courage et la détermination de la députée ».
Au-delà de son cas, le dossier a continué de susciter de nombreuses réactions et appels à la mobilisation, mercredi. Quatre sénateurs francophones hors Québec ont notamment publié une lettre ouverte pour demander un « front commun pour la pérennité des communautés de langues officielles ».