Le Devoir

Leonardo Rizzuto dit avoir été victime de profilage

- AMÉLI PINEDA

Accusé de possession d’armes et de possession de cocaïne, Leonardo Rizzuto soutient que les policiers n’avaient aucune raison de le soupçonner d’être impliqué dans un réseau de trafic de drogue.

Le fils cadet du défunt parrain de la mafia montréalai­se, qui est avocat, accuse les policiers de l’avoir visé à cause de son célèbre nom de famille et demande au tribunal l’annulation du mandat lancé contre lui.

Tandis que s’ouvrait son procès mercredi au palais de justice de Montréal, Leonardo Rizzuto a déposé une requête pour faire annuler le mandat en vertu duquel une perquisiti­on a été menée en novembre 2015 à son domicile de Laval. Cette journée-là, les autorités ont mené une importante frappe contre « les têtes dirigeante­s des gangs de rue, de la mafia italienne et des Hells Angels » qui a mené à l’arrestatio­n de 48 personnes.

« [Leonardo] Rizzuto a un nom de famille notoire. Vous avez sans doute déjà entendu parler de son père [Vito] », a souligné un des avocats de l’homme de 49 ans, Me Frank Addario, devant la juge Julie Riendeau de la Cour du Québec.

L’avocat estime que les autorités se sont laissé influencer par ce qu’il a qualifié de « potins à journaux » au sujet de la famille Rizzuto. Me Addario croit que si on remplaçait le nom de famille de son client par « Smith », celui-ci n’aurait pas fait l’objet d’autant d’attention de la part des autorités policières.

« Les policiers ont longtemps pensé que [son père] Vito Rizzuto était impliqué dans des activités criminelle­s et, comme des journaux le rapportaie­nt, ils se sont permis de faire un lien qu’ils ont présenté comme une preuve, en se disant que la pomme ne peut jamais tomber loin de l’arbre », a-t-il dit.

L’avocat estime que les autorités policières n’avaient aucun motif raisonnabl­e de croire que Leonardo Rizzuto baignait dans un réseau de trafic de drogue.

Me Addario a d’ailleurs rappelé que les accusation­s qui pèsent contre son client découlent de l’enquête pour gangstéris­me à la suite de laquelle Leonardo Rizzuto a été acquitté en février dernier.

Le juge Éric Downs de la Cour supérieure avait accueilli la demande d’exclusion d’une partie essentiell­e de la preuve qui reposait sur de l’écoute électroniq­ue, soulevant plusieurs manquement­s de la part des policiers.

Il avait conclu que les policiers avaient violé les droits de Leonardo Rizzuto à neuf reprises.

Preuve inadmissib­le

Si la juge accepte d’annuler le mandat, les accusation­s contre Leonardo Rizzuto risquent de tomber, analyse l’avocat criminalis­te Charles B. Côté.

«Si le mandat ne repose finalement que sur l’écoute électroniq­ue qui a été jugée inadmissib­le dans un autre dossier et que tout ce qu’il reste, c’est le fait que c’est un Rizzuto, c’est certain qu’il va y avoir un écueil », analyse le criminalis­te.

Pour mener une perquisiti­on, il faut avoir des soupçons raisonnabl­es, rappelle le criminalis­te.

« Il ne peut y avoir eu d’exagératio­n, d’informatio­n tendancieu­se qui laisse croire à quelque chose qui n’est finalement pas avéré », note l’avocat criminalis­te Me Charles B. Côté.

Les procureurs de la Couronne, Me Matthew Ferguson et Me MarieChris­tine Godbout, commencero­nt leurs plaidoirie­s sur cette requête jeudi.

[Leonardo] Rizzuto a un nom de famille notoire. Vous avez » sans doute déjà entendu parler de son père [Vito].

ME FRANK ADDARIO

Newspapers in French

Newspapers from Canada