Non à la tour de télécommunication
Un fort vent de mobilisation souffle sur Otterburn Park, une jolie petite ville aux abords de la rivière Richelieu. C’est que le gouvernement fédéral, par la voix du ministère de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique (ISDE Canada), a récemment donné le feu vert à TELUS pour la construction d’une tour de télécommunication de 130 pieds de hauteur sur un terrain privé situé à quelques pas du bois des Bosquets Albert-Hudon, le plus grand bois urbain de la municipalité régionale de comté La Vallée-du-Richelieu.
Cette décision étonne d’autant plus que la nouvelle tour de plus de 10 étages serait érigée en pleine zone résidentielle, en bordure d’une piste cyclable. Pis encore, le site choisi par TELUS se situe dans une zone de conservation décrétée par la Ville pour protéger la biodiversité du bois des Bosquets, reconnu Écosystème forestier exceptionnel par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec. Ce bois, tout comme certains terrains environnants, abrite non seulement des centaines d’arbres remarquables par leur âge et leur grande taille, leur rareté régionale, leur statut d’espèce menacée ou vulnérable, ou bien par leur valeur protégée et historique, mais aussi plus de 200 espèces de plantes vasculaires, dont 11 sont à statut précaire.
Malgré la vive opposition du Conseil municipal d’Otterburn Park et de ses citoyens, ISDE Canada et TELUS justifient la construction de cette tour au nom du développement ordonné et de l’exploitation efficace des radiocommunications au Canada. Conféré par la Loi fédérale sur la radiocommunication, une loi datant de plus de 30 ans, ce pouvoir discrétionnaire d’un ministre fédéral d’autoriser la construction d’une tour de télécommunication, n’importe où au Canada, prévaut donc sur le droit des municipalités de développer leur territoire tout en le protégeant et d’assurer le bien-être de leurs citoyens.
À une époque où le développement durable et l’acceptabilité sociale de projets sont la norme, on conviendra que l’attitude cavalière de TELUS et l’arbitraire de la décision qui l’autorise à procéder en faisant fi de l’opinion d’une ville et de ses citoyens ont de quoi laisser perplexe.
Éviter l’anarchie à tout prix
La récente campagne électorale au Québec a mis en lumière la nécessité de brancher toutes les communautés du Québec à Internet pour permettre à l’ensemble des Québécois de vivre à l’ère moderne. Le gouvernement nouvellement élu a d’ailleurs pris l’engagement de s’y attaquer rapidement, et c’est très bien ainsi.
Avant que de nouvelles tours de télécommunication n’apparaissent dans le paysage québécois, ne devrait-on toutefois pas se questionner sur la pertinence d’ériger de telles infrastructures et sur le lieu choisi par des géants des télécommunications pour les construire? Particulièrement lorsque ces tours viendront défigurer un voisinage, poser une menace à l’environnement ou au bien-être des communautés et déprécier la valeur marchande des propriétés à proximité desquelles elles seront établies.
L’honorable Navdeep Singh Bains, ministre responsable d’appliquer la Loi sur la radiocommunication, ne devrait approuver l’implantation d’une tour comme celle que TELUS veut installer à Otterburn Park que s’il est clairement démontré qu’une véritable consultation citoyenne a eu lieu. Il devrait également être convaincu que les règles de droit en matière d’usage et d’aménagement du territoire ainsi que de protection de l’environnement ont été respectées avant de prendre une décision susceptible d’affecter toute une communauté.
Et si TELUS est la bonne citoyenne corporative qu’elle prétend être, elle renoncera à son projet de construction de tour à Otterburn Park, pour le bien-être des communautés qu’elle aspire à desservir.