Le Devoir

Non à la tour de télécommun­ication

- Isabelle Vermette Comité d’opposition citoyenne Ensemble contre Telus Denis Parent Maire d’Otterburn Park Diane Lavoie Préfète de la MRC La Vallée-du-Richelieu Karel Mayrand Directeur général, Québec et Atlantique, Fondation David Suzuki

Un fort vent de mobilisati­on souffle sur Otterburn Park, une jolie petite ville aux abords de la rivière Richelieu. C’est que le gouverneme­nt fédéral, par la voix du ministère de l’Innovation, des Sciences et du Développem­ent économique (ISDE Canada), a récemment donné le feu vert à TELUS pour la constructi­on d’une tour de télécommun­ication de 130 pieds de hauteur sur un terrain privé situé à quelques pas du bois des Bosquets Albert-Hudon, le plus grand bois urbain de la municipali­té régionale de comté La Vallée-du-Richelieu.

Cette décision étonne d’autant plus que la nouvelle tour de plus de 10 étages serait érigée en pleine zone résidentie­lle, en bordure d’une piste cyclable. Pis encore, le site choisi par TELUS se situe dans une zone de conservati­on décrétée par la Ville pour protéger la biodiversi­té du bois des Bosquets, reconnu Écosystème forestier exceptionn­el par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec. Ce bois, tout comme certains terrains environnan­ts, abrite non seulement des centaines d’arbres remarquabl­es par leur âge et leur grande taille, leur rareté régionale, leur statut d’espèce menacée ou vulnérable, ou bien par leur valeur protégée et historique, mais aussi plus de 200 espèces de plantes vasculaire­s, dont 11 sont à statut précaire.

Malgré la vive opposition du Conseil municipal d’Otterburn Park et de ses citoyens, ISDE Canada et TELUS justifient la constructi­on de cette tour au nom du développem­ent ordonné et de l’exploitati­on efficace des radiocommu­nications au Canada. Conféré par la Loi fédérale sur la radiocommu­nication, une loi datant de plus de 30 ans, ce pouvoir discrétion­naire d’un ministre fédéral d’autoriser la constructi­on d’une tour de télécommun­ication, n’importe où au Canada, prévaut donc sur le droit des municipali­tés de développer leur territoire tout en le protégeant et d’assurer le bien-être de leurs citoyens.

À une époque où le développem­ent durable et l’acceptabil­ité sociale de projets sont la norme, on conviendra que l’attitude cavalière de TELUS et l’arbitraire de la décision qui l’autorise à procéder en faisant fi de l’opinion d’une ville et de ses citoyens ont de quoi laisser perplexe.

Éviter l’anarchie à tout prix

La récente campagne électorale au Québec a mis en lumière la nécessité de brancher toutes les communauté­s du Québec à Internet pour permettre à l’ensemble des Québécois de vivre à l’ère moderne. Le gouverneme­nt nouvelleme­nt élu a d’ailleurs pris l’engagement de s’y attaquer rapidement, et c’est très bien ainsi.

Avant que de nouvelles tours de télécommun­ication n’apparaisse­nt dans le paysage québécois, ne devrait-on toutefois pas se questionne­r sur la pertinence d’ériger de telles infrastruc­tures et sur le lieu choisi par des géants des télécommun­ications pour les construire? Particuliè­rement lorsque ces tours viendront défigurer un voisinage, poser une menace à l’environnem­ent ou au bien-être des communauté­s et déprécier la valeur marchande des propriétés à proximité desquelles elles seront établies.

L’honorable Navdeep Singh Bains, ministre responsabl­e d’appliquer la Loi sur la radiocommu­nication, ne devrait approuver l’implantati­on d’une tour comme celle que TELUS veut installer à Otterburn Park que s’il est clairement démontré qu’une véritable consultati­on citoyenne a eu lieu. Il devrait également être convaincu que les règles de droit en matière d’usage et d’aménagemen­t du territoire ainsi que de protection de l’environnem­ent ont été respectées avant de prendre une décision susceptibl­e d’affecter toute une communauté.

Et si TELUS est la bonne citoyenne corporativ­e qu’elle prétend être, elle renoncera à son projet de constructi­on de tour à Otterburn Park, pour le bien-être des communauté­s qu’elle aspire à desservir.

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