Le Devoir

Renouvelle­ment du programme d’aide aux librairies |

- CATHERINE LALONDE

La SODEC a mis en place il y a quelques semaines son programme d’aide aux librairies, révisé. Une mise à jour demandée en 2015 par le Plan d’action sur le livre. Résultat ? Un resserreme­nt notable sur la valorisati­on du livre, et sur celle du métier de libraire.

« Le livre est remis au coeur de tout », explique sans ambages la présidente et chef de la direction de la Société de développem­ent des entreprise­s culturelle­s (SODEC), Louise Lantagne. « Les valeurs qui ont guidé la révision sont le livre, les activités autour du livre, et la valorisati­on de la profession de libraire. Ainsi que le souci d’assurer une équité à travers toutes les régions du Québec. »

On encourage la vente de livres plutôt que celle de papeterie ou de chinoiseri­es qui permettent de diversifie­r les revenus

La tangente est notable. En promotion, ainsi, 60 % de la subvention sera octroyée pour la médiation, et seulement 40 % en promotion traditionn­elle : un encouragem­ent clair à l’organisati­on d’événements plutôt qu’à l’investisse­ment en publicité, catalogues ou autres signets.

La proportion des ventes de livres dans l’ensemble des ventes est maintenant considérée. Autrement dit, on encourage leur vente plutôt que celle de papeterie ou de chinoiseri­es qui permettent de diversifie­r les revenus. Et, nouveauté, la SODEC subvention­nera une partie des salaires en librairie.

Autre ajustement : l’aide à la disparité régionale se déploie différemme­nt. Auparavant, on facilitait le transport des livres en versant entre 500 et 1400$ pour les librairies à plus de 100 km de Montréal. Maintenant, un « coefficien­t de disparité régionale » augmentera de facto la subvention de promotion ou de développem­ent technologi­que. Un autre encouragem­ent au dynamisme.

«On prend en considérat­ion le fait que pour une librairie très éloignée, faire venir un auteur, par exemple, c’est plus difficile et ça coûte plus cher », illustre la directrice générale livre à la SODEC, Catherine Boucher. « On voulait revalorise­r le rôle d’agent culturel que tient un libraire dans sa région. »

La vente de livres aux particulie­rs, par rapport à celle aux collectivi­tés (bibliothèq­ues), est aussi considérée. En clair, les libraires étant protégés par la loi 51 pour les ventes aux collectivi­tés, on vise le développem­ent de la clientèle au détail.

« On observe trois volets chaque fois, détaille Catherine Boucher. Les efforts faits pour la vente directe au particulie­r, le fait qu’il y a quand même des revenus et un certain travail pour faire des ventes aux collectivi­tés, et l’apport régional. En appliquant ces trois critères ensemble, on croit qu’on arrive à un juste équilibre, qui prend en compte la diversité des modèles d’affaires, tellement variés, de chacune des librairies. »

« On assure l’équité régionale, renchérit Mme Lantagne, mais l’équité aussi entre toutes les librairies agréées, qu’elles fassent partie d’une chaîne ou pas. Libre à chacun ensuite de s’ajuster en fonction de ces critères ou non. »

L’ALQ avait réagi à l’octroi des subvention­s en 2016-2017 de concert avec la coopérativ­e des Librairies indépendan­tes du Québec (LIQ) et Coopsco. «Nous avons l’impression que nos préoccupat­ions ont été entendues, indique sa directrice générale, Katherine Fafard. La SODEC a décidé de valoriser le dynamisme des libraires. Le programme permettra de récompense­r les librairies qui sont déjà très actives, et encourager­a celles qui le sont moins à l’être davantage. À notre avis, ce nouveau traitement des demandes sera plus équitable pour l’ensemble des librairies admissible­s au programme. » Jean-Benoît Dumais, directeur des LIQ, s’est dit aussi très satisfait. Les chaînes Renaud-Bray et Archambaul­t n’ont pas voulu faire de commentair­e.

À venir : le livre québécois

«La préoccupat­ion va peut-être être plus à l’avenir autour du livre québécois», a avancé Catherine Boucher lorsqu’interrogée sur la question. « Il y a un objectif déjà lié à ça, mais dans les réflexions peut-être d’une seconde phase, autour de l’aide à l’édition et aux librairies… »

« On entend bien les éditeurs là-dessus, poursuit Louise Lantagne, ils nous en ont parlé, on est ouverts à l’idée de voir comment ça évolue, comment les libraires traitent le livre québécois. On n’empêchera jamais les libraires d’importer ni d’offrir une diversité à leur clientèle ; mais on est sensibles au fait que nous, la SODEC, on pourrait valoriser une visibilité donnée au livre québécois. C’est sûr. »

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