Le Devoir

La dangerosit­é du talc confirmée

Ottawa pourrait restreindr­e, voire interdire l’utilisatio­n de la poudre de talc dans plusieurs produits en vente libre

- ANNABELLE CAILLOU

Ottawa envisage de restreindr­e, voire d’interdire l’utilisatio­n du talc dans plusieurs produits en vente libre au Canada, estimant que son utilisatio­n peut, sous certaines formes, être dangereuse pour la santé de la population.

Après avoir étudié la toxicité de la substance en collaborat­ion avec le ministère fédéral de l’Environnem­ent, Santé Canada en est arrivé à la conclusion mercredi que « l’inhalation de poudres libres à base de talc et l’utilisatio­n de certains produits contenant du talc sur les parties génitales des femmes peuvent nuire à la santé humaine ».

Le danger provient surtout de l’inhalation des particules fines de talc quand il prend la forme d’une poudre, utilisée par exemple pour les bébés, le corps, le visage, ou encore les pieds. Absorbé dans les poumons, le talc peut engendrer des difficulté­s respiratoi­res, une diminution de la fonction pulmonaire et une fibrose, d’après les experts du gouverneme­nt.

Certains produits de santé naturels contenant cette substance seraient également nocifs lorsqu’ils sont appliqués directemen­t sur les parties génitales des femmes, tels que des lingettes, des crèmes, des poudres ou encore des antisudori­fiques. Plusieurs études sur l’humain ont en effet démontré une corrélatio­n entre ce type d’usage et le cancer de l’ovaire, rappelle Santé Canada.

Restreindr­e les risques

Rappelons que le talc est un minerai contenant trois ingrédient­s primaires, soit du magnésium, du silicone et de l’oxygène. Il peut cependant être « naturellem­ent contaminé par l’amiante », reconnu comme responsabl­e de cancers mortels.

« L’ébauche d’évaluation préalable ne permet pas de croire que l’ingestion (par exemple, de talc présent dans les aliments ou les médicament­s) ou les exposition­s par voie cutanée ou par inhalation découlant de l’utilisatio­n de poudres compressée­s (par exemple, de fards à paupières ou à joues) présentent un risque pour la santé humaine », font par contre remarquer les scientifiq­ues.

Si l’évaluation finale des ministères confirme la dangerosit­é du talc, le gouverneme­nt canadien assure qu’il ira de l’avant pour restreindr­e les risques. Il compte réfléchir à des mesures à mettre en place pour restreindr­e ou interdire son utilisatio­n sous certaines formes. Les Canadiens seront invités à partager leurs commentair­es et leurs suggestion­s durant le processus. La période de consultati­on prendra fin le 6 février prochain.

Pour sa part, Environnem­ent Canada a conclu que le talc est « une subs-

Absorbé dans les poumons, le talc peut engendrer des difficulté­s respiratoi­res, une diminution de la fonction pulmonaire et une fibrose, d’après les experts du gouverneme­nt

tance peu préoccupan­te sur le plan écologique ».

Ce n’est pas la première fois que le talc fait l’objet de telles critiques. Déjà en 2012, Naître et grandir — un site Internet et magazine sur le développem­ent des enfants — répertoria­it le talc parmi les produits déconseill­és aux parents, «car il peut causer des problèmes respiratoi­res ».

Plus tôt cette année, le fabricant de poudre pour bébé Johnson & Johnson a fait l’objet de plusieurs poursuites judiciaire­s, dont deux actions collective­s au Canada. On reprochait à la substance d’avoir entraîné le cancer ovarien chez des milliers de femmes qui utilisaien­t cette poudre pour leur hygiène génitale.

Aux États-Unis, des poursuites se sont finalement conclues par l’octroi de compensati­ons massives accordées par des jurys. Mais l’entreprise continue de nier toute responsabi­lité.

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