8 décembre : bouc émissaire
Jusqu’à Noël, découvrez chaque jour un mot qui résume l’actualité de l’année et capte l’esprit du temps. Ce n’est pas nous, c’est le sociologue français, spécialiste des flux migratoires, François Héran, qui le dit: en période de crise, l’immigrant devient un « bouc émissaire », le coupable facile pour expliquer ce qui ne va plus et justifier les replis. Et en 2018, de bouc émissaire, plus que d’immigration, il aura été souvent question.
Panorama : cet été, l’Italie a repoussé comme des malpropres les exilés recueillis en Méditerranée par le navire l’Aquarius, forçant ainsi 58 hommes, femmes et enfants à l’errance entre plusieurs pays européens avant d’aboutir à Malte en octobre. Italie, France, Espagne : les gouvernements de ces pays ne voulaient pas d’eux pour ne pas s’aliéner un électorat fragilisé par les incertitudes du présent.
Au même moment, Justin Trudeau est accusé par ses opposants d’ouvrir trop grand les frontières du pays aux migrants irréguliers qui, depuis les États-Unis, viennent chercher refuge au Canada.
Plus au sud, l’arrivée d’une caravane improvisée d’exilés d’Amérique centrale et du Mexique donne à Donald Trump un argument de taille pour nourrir son protectionnisme et sa haine de l’Autre. Au grand bonheur de sa base électorale, confortée dans son idée d’envahissement et de menace extérieure qui dégradent ses conditions de vie. Une perception nourrie, bien sûr, plus par la démagogie que par les faits et la science, estime François Héran, qui rappelle qu’une société qui entrave les flux migratoires nuit, en définitive, bien plus à son développement qu’elle se protège.