Le Devoir

Tradition et liberté d’expression

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Le débat soulevé par deux députés de Québec solidaire autour de la façon de se vêtir à l’Assemblée nationale du Québec n’a rien de banal. Bien au contraire.

Pour apporter une réponse mesurée à cette question délicate, il faut se demander qu’est-ce qui, dans la société, est essentiel par opposition à ce qui ne l’est pas. Ainsi, le profane est le domaine de la vie au quotidien tandis que ce qui a un caractère sacré va audelà ; il sort de l’ordinaire.

L’Assemblée nationale est souveraine et possède de ce fait un caractère d’élévation qui ne saurait être contesté. C’est pourquoi la façon de s’y vêtir a autant d’importance. Cette façon peut, bien sûr, être mise au goût du jour ; mais encore doit- elle satisfaire à un minimum de décorum et continuer de se démarquer de la vie de tous les jours. Elle doit demeurer un moyen de reconnaîtr­e la solennité du lieu qui est un symbole de la collectivi­té nationale.

Tout changement au protocole vestimenta­ire de l’Assemblée nationale devrait donc chercher sans faute à conserver le caractère solennel de celle-ci, tout en répondant le mieux possible aux considérat­ions esthétique­s de ses membres, car la dévalorisa- tion symbolique des institutio­ns est le plus court chemin vers la destructio­n de la culture dont elles émergent.

Le narcissism­e anarchique derrière le comporteme­nt des deux députés en cause contribue davantage à ridiculise­r l’institutio­n où ils siègent qu’à en protéger la valeur transcenda­nte et, pour cela, doit être dénoncé. Jacquelin Robin

Gatineau, le 7 décembre 2018

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