Transit (V.O. s.-t.f.)
★★★★ 1/2
En possession des papiers d’un écrivain qui vient de se suicider, Georg (remarquable Franz Rogowski), un réfugié juif allemand, fuit le Paris occupé pour Marseille, où il espère trouver un passage vers l’Amérique latine. Périlleuse, sa situation se complique lorsqu’il s’éprend de la veuve qui s’ignore telle. Jeux de dupes identitaires sur fond mélodramatique assumé et rehaussé par une atmosphère quasi onirique rendant plausibles les développements les plus invraisemblables, mélancolie amoureuse, rumination sur le sentiment de culpabilité des survivants: tout cela envoûtait dans Phoenix, film précédent de Christian Petzold, et éblouit encore davantage dans Transit. Or, s’il maintient les données historiques de la Deuxième Guerre mondiale, le cinéaste transpose l’action dans un présent indéfini, parti pris radical donnant à cette épopée valeur de fable. Une fable qui aborde, avec un raffinement ne souffrant aucun didactisme, les avancées actuelles de l’extrême droite. François Lévesque