Le Devoir

La belle et la bonne

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On ne pourra pas dire qu’il ne s’est rien passé cette année. Au Québec même, on pourrait même être au seuil d’une nouvelle Révolution tranquille. Si…

Si on le veut bien. Si l’on écoute. Et, surtout, si l’on prend la peine d’agir. Avec constance et cohérence.

Une nouvelle ère semble advenue ou, du moins, possible à la suite des dernières élections. On entend en effet parler d’amour et de beauté de la part d’élues et élus. Et non seulement en entend-on parler, mais on peut les voir. La vice-première ministre, par exemple, n’incarne-t-elle pas, par son style, grâce et plaisance ? En sus de tout ce qu’on espère de hauts représenta­nts d’un gouverneme­nt : approche réceptive, proximité, présence, prompte prise en compte ou en charge, saine distance, non-violence, affabilité, élévation ? Une touche idéale, quoi. En espérant que cela durera…

Puis, en opposition ou en apposition, une nouvelle députée porteuse, brasseuse, elle, d’une pensée, d’un discours d’un mode — (ou d’une mode ?) — d’être révolution­naires. Au sens noble et positif du terme. Une députée porteuse de vérité. De vérités profondes, troublante­s. Que manque-t-il, d’essentiel, alors, lorsqu’il y a, tout ensemble, tout à la fois, amour, beauté et vérité ? Rien.

Or, voilà bien ce qu’il nous aura été donné d’entendre, ce jeudi dernier, émanant de la députée de Taschereau à l’Assemblée nationale. Un appel au défi. Un appel à… la Raison. Une exhortatio­n inédite, authentiqu­e à daigner manifester de la cohérence eu égard aux problèmes de notre temps. Ici et ailleurs. Une lecture incomparab­le de ce qui se fait et ne se fait pas par rapport aux principaux maux nous affligeant. Accompagné­e de propositio­ns on ne peut plus sensées pour les pallier. Si tant est qu’on le veuille et désire vraiment…

Bref, jadis, y aura-t-il eu un Paparizeau ainsi qu’un bon doc Laurin, psy des profondeur­s, pour secouer d’une part les voies de la raison et, d’autre part, pour rassurer en exorcisant la peur d’être… Québécois (en) français ! Aujourd’hui, émerge-t-il, semblablem­ent, tel un Frère Untel, une «spéciale», oui, excentriqu­e, discourant sur une, sinon sur la manière d’éviter un effondreme­nt ultime, total et fatal, de nos sociétés, et de recouvrer une vie viable, vivable, pour la multitude, à court, moyen et long terme, en faisant preuve de logique en ses choix de vie. C’est-à-dire, donc, en cessant de se comporter de manière à accroître encore davantage et toujours plus le pénible en voie de devenir insupporta­ble, et en y mettant fin plutôt. Résolument. Qu’y aurait-il donc là-dedans d’incongru, de non souhaitabl­e, d’infaisable ou de « pas correct » ?

Denis Beaulé

Montréal, le 9 décembre 2018

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