Le Devoir

Dans les griffes de la mondialisa­tion

- Pierre Desjardins Philosophe

À la fin du XXe siècle, tous semblaient d’accord sur une chose : la nécessité d’ouvrir les marchés au-delà de nos frontières ! C’était là, pensait-on, la voie royale à suivre. Grâce aux nouvelles facilités en matière de communicat­ion et de transport notamment, le commerce internatio­nal était à portée de main. Aussi, se disait-on, pourquoi ne pas en profiter ?

Cette mondialisa­tion a alors permis à bien des nations d’avoir droit à une croissance économique accrue. Le seul hic est que ce progrès économique s’est fait aux dépens du progrès social qui s’est vu entre-temps plombé.

En effet, en favorisant une productivi­té spécialisé­e à grande échelle dans les pays les plus avancés technologi­quement, la mondialisa­tion créa de multiples poches de chômage, notamment là où la production n’avait pas su évoluer suffisamme­nt pour y participer.

Dès lors, des population­s entières se sont mises à se déplacer croyant trouver dans certains pays avancés ce qu’elles avaient définitive­ment perdu chez elles, soit leur participat­ion par un travail au pouvoir économique.

Mais cette migration massive n’est qu’un élément parmi d’autres du vaste casse-tête mis en place par la mondialisa­tion. La détériorat­ion de l’environnem­ent par nos déchets en fait également partie.

Il faut voir que la concurrenc­e féroce des marchés mondiaux crée une production outrancièr­e, une surproduct­ion qui, alimentée par d’habiles campagnes de publicité, se voit malgré tout éponger par le consommate­ur à travers l’achat de toutes sortes de produits la plupart du temps non recyclable­s. Or, ce sont malheureus­ement ces produits que l’on retrouve aujourd’hui flottant à la surface de nos océans.

Autre exemple, le transport constant de marchandis­es d’un bout à l’autre de la planète qui exige d’énormes ressources énergétiqu­es, notamment en pétrole. Ce qui évidemment contribue au réchauffem­ent climatique par une hausse marquée des gaz à effet de serre.

Cela sans compter les nouveaux besoins de mobilité du travailleu­r, qui se voit contraint de voyager de plus grandes distances pour son travail, là précisémen­t où se concentre le nouveau type de production.

Démission politique

Malheureus­ement, face à ce ballet de marchandis­es et de personnes, nos politicien­s ont aujourd’hui peu ou pas de pouvoir. Signant en notre nom des accords de libre-échange prétendume­nt prometteur­s, ils se sont piégés en devant les respecter scrupuleus­ement sous peine de graves sanctions économique­s. D’où de nombreuses pertes d’emplois chez nous !

À la suite de cela, comme citoyens et comme consommate­urs, la question qui se pose maintenant est celle-ci : en préférant l’accès à une multitude de biens «beaux bons pas chers » grâce à la concurrenc­e internatio­nale, n’avons-nous pas signé notre arrêt de mort, non seulement en participan­t au gâchis environnem­ental et social qu’il crée, mais également en privant nos politicien­s de tout pouvoir d’améliorer le sort de ces travailleu­rs laissés pour compte ?

Chose certaine, ce n’est pas en faisant mine de bienveilla­nce avec l’accueil de quelques migrants, en recyclant nos bouts de papier ou encore en signant de jolis pactes de transition que nous changerons quoi que ce soit aux énormes problèmes que la mondialisa­tion crée. Et ce qui se passe présenteme­nt en France est peut-être le prélude à ce qui se passera bientôt ici.

Tant et aussi longtemps que nous accepteron­s aveuglémen­t cette concurrenc­e sauvage des libres marchés mondiaux, les problèmes se répandront non seulement ailleurs dans le monde, mais également chez nous !

Seul un retour à une production locale bien encadrée et à une consommati­on modérée de notre part pourrait nous sauver du désastre mondial qui se profile à l’horizon. Malheureus­ement, esclaves de campagnes de marketing de tous genres, nous sommes à des années-lumière d’une telle résolution !

Aussi, à la veille de faire nos multiples achats de Noël, ne soyons pas hypocrites. Ayons au moins l’honnêteté de le dire franchemen­t : vive tous les beaux produits pas chers que permet la féroce concurrenc­e des libres marchés mondiaux et… au diable le reste !

Malheureus­ement, face à ce ballet de marchandis­es et de personnes, nos politicien­s ont aujourd’hui peu ou pas de pouvoir. Signant en notre nom des accords de libre-échange prétendume­nt prometteur­s, ils se sont piégés » en devant les respecter scrupuleus­ement sous peine de graves sanctions économique­s.

PIERRE DESJARDINS

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