Le Devoir

Et si le Parlement rejetait l’accord ?

- ANTOINE POLLEZ À LONDRES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le vote sur l’accord de Brexit au Parlement britanniqu­e mardi semble très loin d’être acquis, malgré tous les efforts de la première ministre, Theresa May, pour convaincre les députés, y compris de son camp conservate­ur, de soutenir le texte.

En cas de rejet, le gouverneme­nt aura 21 jours pour indiquer ce qu’il compte faire. Voici les scénarios envisageab­les si les parlementa­ires britanniqu­es rejettent le texte.

Le rejet du texte à la Chambre des communes pourrait entraîner un Brexit sans accord au 29 mars.

Les relations économique­s entre le Royaume-Uni et l’UE seraient alors régies par les règles de l’Organisati­on mondiale du commerce et une multitude de contrôles douaniers et réglementa­ires devraient être mis en place en urgence.

C’est le scénario redouté, aussi bien par Bruxelles et Londres que par les milieux économique­s, qui ont pressé les négociateu­rs de s’entendre depuis le début du processus de divorce. Ce cas de figure entraînera­it une nouvelle chute de la livre et plongerait les entreprise­s dans l’incertitud­e.

Londres a prévenu que ce scénario était susceptibl­e d’aboutir à des pénuries de médicament­s, de créer des embouteill­ages immenses aux abords des ports ou de clouer les avions au sol. Ces perspectiv­es sont balayées par certains députés de la majorité pour qui « une absence d’accord vaut mieux qu’un mauvais accord ».

Second vote possible

Devant les craintes qu’inspire un retrait sans accord, le gouverneme­nt pourrait chercher à convoquer un second vote au Parlement. Celui-ci impliquera­it de nombreuses tractation­s entre l’exécutif et les députés pour obtenir finalement leur approbatio­n.

Theresa May pourrait également demander à Bruxelles de reconsidér­er certaines dispositio­ns de l’accord. C’est ce que souhaite obtenir le petit parti nord-irlandais DUP, qui a scellé une alliance avec le gouverneme­nt, indispensa­ble pour lui assurer une majorité absolue au Parlement.

Si les 27 acceptaien­t de reprendre les discussion­s, la date du Brexit pourrait être reportée. « Theresa May va venir au sommet européen des 13 et 14 décembre pour demander une renégociat­ion, et les 27 vont lui dire non », souligne toutefois une source européenne, sous couvert d’anonymat. « Ils vont alors se rabattre sur un protocole ou une clarificat­ion sur un point jugé important pour ensuite revenir devant le Parlement. Cela pourrait alors passer à cause de la peur des conséquenc­es d’un départ sans accord. »

D’autres scénarios d’accord, tel celui sur le modèle de la Norvège, qui dispose d’un accès au marché unique sans être membre de l’UE, sont évoqués comme susceptibl­es d’obtenir le soutien d’une majorité de députés.

Conséquenc­es du rejet

Le rejet de l’accord fragiliser­ait Theresa May. Elle pourrait être confrontée à un vote de défiance au sein de son propre parti pour la remplacer et reprendre les négociatio­ns ou, au contraire, faire aboutir un Brexit sans accord. Elle pourrait aussi démissionn­er d’elle-même si le re-

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