Le Devoir

Avant l’archipel, l’amour de deux insulaires fort attachants

- CHRISTIAN SAINT-PIERRE COLLABORAT­EUR LE DEVOIR

Après avoir parcouru le Canada d’est en ouest, Danielle Le Saux-Farmer et André Robillard sont à Montréal ces jours-ci pour présenter Avant l’archipel entre les murs de la Salle Fred-Barry. Destinée aux spectateur­s de 11 ans et plus, la pièce d’Emily Pearlman, une auteure basée à Ottawa, a été traduite par Le Saux-Farmer et mise en scène par Joël Beddows.

Affirmer que les aventures de Lénaïque la Magnifique (Le Saux-Farmer) et Brévalaire Spectacula­ire (Robillard) font la part belle aux mots tient de l’euphémisme. Disons plutôt que la cultivatri­ce de fruits-dragons et le jeune musicien savent faire la fête au langage, soigner les rimes et les métaphores, les expression­s en voie d’extinction aussi bien que les néologisme­s, en somme célébrer la poésie, mais tout en condamnant les vilains pléonasmes. Sur leur péninsule, « le son se mesurait par les clignement­s d’un colibri et le temps n’était qu’un passant. Les mots comprenaie­nt les silences qui les séparaient et on cueillait l’espoir dans les arbres. »

Un public sollicité

Chaque dimanche, lorsque celle qui écoute « les fruits jacasser et mémérer» et celui qui tricote «des tuques truffées d’allégories » se retrouvent au marché du continent, leur amour prend un peu plus d’ampleur. Il faut voir avec quelle vivacité de corps et d’esprit ces deux-là se courtisent sous le regard généraleme­nt attentif des jeunes spectateur­s qui les observent de part et d’autre de la scène. Parce que si le conte est joli, l’espace enchanteur et les mots souverains, c’est d’abord et avant tout la conviction et la complicité des interprète­s, en constante interactio­n avec le public, qui rendent unique cette aventure de plus ou moins une heure.

Ainsi, les acteurs n’hésitent pas à comparer les spectateur­s à des oiseaux ou à des étoiles. Ils les interrogen­t amplement, leur murmurent des secrets à l’oreille, les invitent à se produire sur scène ou à partager une bonne blague. Soigneusem­ent dirigés par Joël Beddows, Le-Saux Farmer et Robillard démontrent leurs talents de comédiens, bien entendu, mais aussi de conteurs, de chanteurs et de danseurs, sans oublier leur capacité à improviser et à réagir aux interventi­ons étonnantes, voire saugrenues, de leur jeune auditoire… Tout cela est pour beaucoup dans le charme irrésistib­le du spectacle.

Avant l’archipel

Texte: Emily Pearlman. Traduction: Danielle Le Saux-Farmer. Mise en scène: Joël Beddows. Une coproducti­on de l’Irréductib­le petit peuple, du Théâtre la Catapulte et du Théâtre français de Toronto. À la salle Fred-Barry du théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 19 décembre.

 ?? MARIANNE DUVAL ?? C’est d’abord et avant tout la conviction et la complicité des interprète­s, en constante interactio­n avec le public, qui rendent unique cette aventure de plus ou moins une heure.
MARIANNE DUVAL C’est d’abord et avant tout la conviction et la complicité des interprète­s, en constante interactio­n avec le public, qui rendent unique cette aventure de plus ou moins une heure.

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