Le Devoir

Portrait intimiste de deux génies de la comédie

John C. Reilly et Steve Coogan parviennen­t à donner vie à Laurel et Hardy

- THOMAS URBAIN À NEW YORK AGENCE FRANCE-PRESSE

Ils ont raccroché leurs chapeaux melon depuis plus de 60 ans, mais Stan Laurel et Oliver Hardy demeurent le duo comique le plus efficace de l’histoire du cinéma, porté par une alchimie unique qu’évoque Stan & Ollie, centré sur leur relation et une fin de carrière difficile.

C’est la première fois qu’un cinéaste s’attaque à cette associatio­n mythique, qui évoque encore quelque chose aux millénaria­ux même si beaucoup n’ont vu aucun de leurs films.

Avec Buster Keaton et Charlie Chaplin, Stan Laurel et Oliver Hardy incarnent l’âge d’or du cinéma muet, à la fin des années 1920, mais aussi les débuts du parlant, jusqu’à devenir des vedettes mondiales au milieu des années 1930.

Mais ce sont deux héros vieillis, fatigués, en quête d’un dernier tour de piste au cinéma, qu’a choisi de dépeindre le réalisateu­r Jon S. Baird, plutôt que le duo au faîte de sa gloire.

Hollywood a tourné la page Laurel et Hardy depuis 1944, mais les deux partenaire­s s’accrochent, quitte à entamer une tournée de théâtres en Angleterre, en 1953, à plus de 60 ans chacun.

C’est l’heure des désillusio­ns, des salles aux deux tiers vides, qui finissent par faire renaître des tensions entre « El Gordo y El Flaco » (le gros et le maigre), comme ils sont surnommés dans le monde hispanopho­ne.

Voilà l’occasion d’explorer au plus près cette relation d’exception qu’il a fallu, pour partie, imaginer, car si les écrits et les témoignage­s existent, ni l’un ni l’autre des comiques ne s’est jamais livré publiqueme­nt sur son intimité.

« Il ne s’agissait pas de refaire leurs films, parce qu’ils existent déjà », ou de « raconter ce qu’on peut trouver sur Wikipédia en dix secondes sur son téléphone », a expliqué John C. Reilly, déjà remarqué dans Chicago et dans Gangs of New York, qui interprète Oliver Hardy, lors d’une table ronde début décembre dans un centre culturel de New York.

« Ça portait sur des choses que personne ne savait à part eux », a-t-il ajouté au sujet du film, qui sort vendredi aux États-Unis et le 18 janvier au Québec.

Un hommage

Très convaincan­ts, John C. Reilly et Steve Coogan parviennen­t à donner vie à ce duo, dans la vie et sur scène : d’un côté, le Britanniqu­e Stan Laurel, bourreau de travail, qui a écrit l’essentiel des sketchs et des numéros de Laurel et Hardy; de l’autre, l’Américain Oliver Hardy, épicurien mais emprisonné dans son physique encombrant.

Les deux sont unis par un goût immodéré pour la comédie, dans la vie comme à l’écran, et pour les femmes, avec une série de mariages à la clef de part et d’autre.

« L’alchimie est un truc dont les gens parlent comme d’une pluie mystérieus­e qui tomberait sur quelques élus, a dit John C. Reilly, amusé. Mais en réalité, ça se trouve, et Steve et moi avons réussi de la même façon que Laurel et Hardy, en faisant confiance à l’autre, en découvrant qui il est, en étant là pour lui, en l’aidant à se relever quand il est à terre. »

« Je ne voulais pas que [ce film] soit une tache sur la mémoire de Laurel et Hardy », a raconté John C. Reilly, emphatique. « Ces gens sont tellement importants pour moi et ont tant influencé ma sensibilit­é esthétique. »

«Pour moi, la question n’était pas seulement d’apparaître sous un jour favorable ou de faire un bon boulot d’acteur, a-t-il insisté. Nous avons fait ce film en grande partie pour rendre hommage à ces types qui n’avaient pas eu la reconnaiss­ance qu’ils méritaient de leur vivant. »

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