Les changements climatiques au coeur de l’année 2018
L’année 2018 a été marquée par une attention particulière portée aux enjeux de lutte contre les changements climatiques, alors que le Québec, le Canada et la communauté internationale accusent des retards importants dans le domaine. Le monde termine d’ailleurs l’année en poursuivant son chemin vers un naufrage climatique maintes fois annoncé par la science. Bilan des principaux dossiers environnementaux qui ont marqué les derniers mois.
La controverse de l’année
Le rachat du pipeline Trans Mountain et le projet de son expansion par le gouvernement de Justin Trudeau ont été à la fois salués par l’Alberta et critiqués par le gouvernement de la Colombie-Britannique. Mais au-delà de la saga politique, cette nationalisation d’un important projet d’exportation de pétrole des sables bitumineux a été dénoncée unanimement par les groupes environnementaux. Il faut dire que le projet doit permettre d’augmenter les exportations de pétrole albertain à raison de 325 millions de barils chaque année. Pour les écologistes, l’expansion de Trans Mountain facilitera la croissance de l’industrie pétrolière et augmentera les risques de déversement le long du pipeline, mais aussi en milieu marin. Sans oublier que la croissance du trafic de pétroliers pourrait représenter une menace fatale pour une population d’épaulards en voie de disparition sur la côte ouest.
Le succès mitigé de l’année
La récente conférence de l’ONU sur le climat, la COP24, avait la tâche ardue de finaliser les règles de mise en oeuvre de l’Accord de Paris. Une mission d’autant plus complexe qu’avec 200 pays autour de la table, dont le gouvernement climatonégationniste de Donald Trump, le pari n’était pas gagné d’avance. Or, les pays sont parvenus à s’entendre sur des règles relativement claires. Le hic, de taille, c’est que les pays signataires de l’Accord de Paris n’ont pris aucun engagement formel pour augmenter leurs engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et ce, d’ici 2020. Or, le plus récent rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) est formel : il faudrait dès maintenant opérer un virage majeur vers une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pour le moment, si tous les pays respectent leurs engagements, le réchauffement atteindra trois degrés d’ici 2100, le double de l’objectif le plus ambitieux fixé dans l’Accord de Paris.
L’échec confirmé de l’année
Le constat est clair, même si le gouvernement libéral de Philippe Couillard l’a toujours nié : le Québec n’est pas en voie d’atteindre sa cible de réduction d’émissions de gaz à effet de serre pour 2020. Le plus récent bilan des émissions, soit celui de 2016, indique en effet que le recul atteignait alors 9,1 % par rapport à 1990, alors que l’objectif est de 20 %. Le bilan de mi-parcours du Plan d’action 20132020 sur les changements climatiques démontre même que les investissements prévus de 4 milliards de dollars permettront seulement de stabiliser les émissions. Pendant ce temps, le rapport du Conseil de gestion du Fonds vert, qui finance ce plan, conclut que des millions de dollars ont été dépensés dans des mesures inefficaces. Le gouvernement de François Legault, qui a reconnu l’échec de la cible de 2020, promet un plan climatique « efficace » au cours des prochains mois.
La crise de l’année au Québec
Avant l’automne 2017, très peu de gens au Québec savaient qu’une forte proportion de nos matières recyclables étaient vendues en Chine pour y être traitées. Le Québec a ainsi pu compter pendant des années sur ce déversoir de matières souvent peu triées, et donc de faible qualité et de faible valeur. Or, cet énorme marché, dont dépendaient plusieurs pays occidentaux, s’est refermé au tournant de 2018, provoquant une véritable crise des matières recyclables qui a notamment frappé le Québec. Le gouvernement a injecté, dans l’urgence, quelques millions de dollars pour soutenir les centres de tri pris avec des tonnes de matières invendues. Mais au-delà des mesures déjà prises, plusieurs acteurs de l’industrie estiment qu’il faudra développer davantage le principe de l’« économie circulaire », c’est-à-dire que le Québec devra impérativement recycler davantage ici, au lieu de dépendre des exportations matières récupérées par les citoyens.
La bonne nouvelle de l’année
Pour la première fois en plus de 20 ans, le gouvernement du Québec et celui du Canada ont convenu en 2018 d’établir une zone de protection marine dans le Saint-Laurent, avec la protection d’un territoire marin de 1000 km2, nommé le Banc-des-Américains, situé à l’est de la Gaspésie. La limite nord se situe à la pointe du parc Forillon et la limite sud-ouest, tout juste à l’est de l’île Bonaventure. Selon la description qu’en fait Pêches et Océans Canada, ce secteur « est caractérisé par la diversité de ses habitats, par la présence permanente ou saisonnière de nombreuses espèces à valeur commerciale et de baleines, par la présence d’espèces en péril et par une grande diversité de mollusques et de crustacés ». Le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral auront toutefois fort à faire pour respecter l’objectif de protéger 10 % de la portion québécoise du Saint-Laurent d’ici 2020, alors que ce taux avoisine aujourd’hui les 2 %.
Le gouvernement de François Legault, qui a reconnu l’échec de la cible de 2020, promet un plan climatique « efficace » au cours des prochains mois