Gilets jaunes et gaminets bleus
Dix-huit mois, c’est quelques éternités en politique. Il n’en fallait pas plus à Emmanuel Macron — devenu, en mai 2017, le plus jeune président de l’histoire de France à 39 ans avec les deux tiers des suffrages — pour passer de héros à zéro. Cet été, alors que l’équipe de France remportait la Coupe du monde de soccer, les tensions créées par différentes réformes, dont la fin d’un impôt spécial des plus fortunés, plaçaient la cote de popularité du président à environ 40 %. La grogne, d’abord rurale, périurbaine et provinciale, a explosé en octobre pour s’opposer à l’augmentation des taxes sur certains produits pétroliers. Le mouvement des gilets jaunes — l’accessoire fait partie de l’ensemble de sécurité obligatoire des automobilistes — a gonflé autour d’autres revendications fiscales, dont l’augmentation du revenu minimum ou le maintien de certains services de proximité, jusqu’à la demande de la démission du président. La protestation a été décrite comme une jacquerie contemporaine et une rébellion de la classe des petits moyens. L’État a renoncé à la hausse des taxes et a annoncé des mesures sociales en décembre. La cote de popularité du président a chuté à une vingtaine de points en décembre et les trois quarts des Français désapprouvent maintenant les politiques présidentielles. La République en marche ! est devenue La France en panne !