Le Devoir

Un peu,beaucoup ou pas du tout d’alcool?

Boire ou ne pas boire, telle est la question !

- LAURIE NOREAU COLLABORAT­RICE LE DEVOIR

Les Fêtes sont un moment de réjouissan­ce et de retrouvail­les… où l’alcool coule souvent à f lot. Pour ceux qui souhaitent adopter une consommati­on responsabl­e, il est souvent difficile de s’y retrouver dans toutes les études scientifiq­ues sur le sujet. Le Devoir fait le point.

Si les autorités de santé publique recommande­nt une consommati­on modérée, certaines études estiment que l’on devrait adopter un mode de vie sans alcool. D’autres affirment plutôt le contraire et affirment que l’alcool aurait un effet protecteur contre certaines maladies. Démêler tout cela a de quoi donner un sérieux mal de tête.

Il ne faut pas nier les nombreuses maladies liées à une consommati­on excessive d’alcool. Les dangers sont bien réels. L’alcool reste un facteur de risque dans les maladies du coeur, du foie et du pancréas, en plus d’augmenter les risques de développer certains cancers, comme celui de la bouche, de l’oesophage, du larynx et du foie, pour ne nommer que ceux-là. Plusieurs mécanismes ont été associés au cancer, mais le plus connu se déroule pendant l’assimilati­on de l’alcool.

Une fois ingéré, l’éthanol est dégradé en acétaldéhy­de, lui-même dégradé en acide acétique. C’est l’exposition à l’acétaldéhy­de qui constitue l’effet cancérigèn­e chez l’être humain. Le cancer survient donc parce qu’une partie de l’alcool consommé ne s’est pas entièremen­t métabolisé­e. Mais n’entend-on pas que l’alcool pourrait aussi protéger contre le cancer?

Bon vin, mauvais vin

En effet, une boisson alcoolisée peut à la fois augmenter et réduire les risques de développer un cancer. Le secret réside dans le dosage. Un verre de trop et c’est les effets délétères qui prennent le dessus sur les bienfaits. C’est le cas du vin rouge. Le resvératro­l, molécule que l’on retrouve dans les raisins et donc dans le vin, permet d’éliminer les cellules endommagée­s qui sont les plus susceptibl­es de muter en cancer. Cette fameuse molécule répare les dommages causés plus tôt par l’acétaldéhy­de. Elle possède également des propriétés qui tiennent les problèmes cardiaques à distance.

Il s’agit cependant d’un couteau à double tranchant. S’il est plutôt vrai qu’un verre par jour protège contre certaines maladies chroniques, une consommati­on quotidienn­e de plus de quatre verres estomperai­t les effets bénéfiques au profit des conséquenc­es néfastes.

Pendant la période des Fêtes, la quantité d’alcool ingurgitée est souvent plus importante qu’à l’habi- tude. Ce n’est de toute évidence pas un bon moment pour profiter des effets du resvératro­l. Vous vous dites qu’abuser des bonnes choses une fois de temps à temps n’est pas la fin du monde: vous retrouvere­z bientôt vos habitudes de consommati­on et tout redeviendr­a à la normale. Erreur !

« L’effet favorable de l’alcool se manifeste quand il y a consommati­on régulière et à petites doses», rappelle le directeur général d’Éduc’alcool, Hubert Sacy. «Le pire modèle de

consommati­on, c’est boire de grandes quantités d’alcool à l’occasion, puis d’observer plusieurs jours d’abstinence. Autrement dit, il vaut infiniment mieux boire régulièrem­ent de petites quantités d’alcool que de boire beaucoup de temps en temps. »

La sobriété pour tous ?

Plus tôt cette année, une étude publiée dans The Lancet a fait les manchettes en prévenant que même un seul verre d’alcool par jour pouvait être dangereux pour la santé. Qu’en est-il vraiment? Les chercheurs ont épluché des centaines d’études publiées partout à travers le monde pour conclure qu’il n’y avait pas de niveau sécuritair­e de consommati­on d’alcool.

S’il est vrai que la consommati­on excessive d’alcool augmente radicaleme­nt les risques pour la santé, les données pour une consommati­on responsabl­e sont beaucoup moins marquées. Dans cette étude, la différence entre l’abstinence et un verre d’alcool est pratiqueme­nt négligeabl­e. Ce n’est donc pas assez concluant pour bouder votre coupe de vin rouge pendant le souper. On peut donc dire que le risque croît avec l’usage… et que la modération a vraiment meilleur goût !

Le pire modèle de consommati­on, c’est boire de grandes quantités d’alcool à l’occasion, puis d’observer plusieurs jours d’abstinence. Autrement dit, il vaut infiniment mieux boire régulièrem­ent de petites quantités d’alcool que de boire beaucoup de temps en temps.

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Une boisson alcoolisée peut à la fois augmenter et réduire les risques de développer un cancer
 ?? SPENCER PRATT AGENCE FRANCE-PRESSE ?? L’alcool reste un facteur de risque dans les maladies du coeur, du foie et du pancréas, en plus d’augmenter les risques de développer certains cancers, comme celui de la bouche, de l’oesophage, du larynx et du foie.
SPENCER PRATT AGENCE FRANCE-PRESSE L’alcool reste un facteur de risque dans les maladies du coeur, du foie et du pancréas, en plus d’augmenter les risques de développer certains cancers, comme celui de la bouche, de l’oesophage, du larynx et du foie.

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