Scott Brison démissionne comme président du Conseil du Trésor |
Justin Trudeau perd l’un des vétérans de son cabinet avec la démission de son ministre Scott Brison. Le président du Conseil du Trésor quittera sous peu ses fonctions et ne sera pas candidat aux élections du mois d’octobre. Un départ qui force le premier ministre à remanier son conseil des ministres dès lundi.
Le brassage de cartes comptera « des changements », a prévenu M. Trudeau. Ce qui veut dire que le premier ministre ne se contentera pas de remplacer M. Brison. Il s’agira néanmoins d’un petit remaniement, qui ne devrait prévoir qu’une poignée de changements de postes, selon nos informations.
M. Trudeau devra d’abord offrir une promotion à l’un de ses dix autres députés de Nouvelle-Écosse, puisque Scott Brison était le seul ministre issu de la province au sein du cabinet. Une seule femme a été élue dans la province, Bernadette Jordan. Un autre nouveau venu, Sean Fraser (qui est secrétaire parlementaire de la ministre de l’Environnement), a quant à lui impressionné les libéraux depuis son élection.
Il est toutefois très improbable qu’un néophyte accède directement à l’important poste de président du Conseil du Trésor. Un jeu de chaises musicales sera donc nécessaire, et certains ministres qui ont moins bien performé pourraient ainsi être mutés. À cet égard, certains libéraux évoquent les noms de Catherine McKenna et d’Amarjeet Sohi, à l’Environnement et aux Ressources naturelles. M. Sohi est un «mauvais communicateur dans un dossier qui est trop important», observe une source. Une autre source libérale rétorque cependant que tous deux gèrent des dossiers difficiles du mieux qu’ils le peuvent et nie qu’ils soient moins appréciés.
Tous étaient surpris d’apprendre jeudi matin le départ du ministre Brison, qui a expliqué vouloir passer davantage de temps avec sa famille. Les autres vétérans du cabinet — Ralph Goodale, Carolyn Bennett et Lawrence MacAulay — ont en revanche confirmé publiquement qu’ils seraient de l’équipe libérale en octobre prochain.
Justin Trudeau a salué le « dévouement» de Scott Brison, au fil de ses 22 ans de carrière en politique fédérale. « Je sais, comme plusieurs, à quel point il est difficile de jumeler un travail demandant avec le souhait de passer du temps avec sa jeune famille, alors je respecte entièrement sa décision. Mais il va nous manquer terriblement », a commenté le premier ministre.
Scott Brison a indiqué qu’après sept mandats comme député de la circonscription de Kings–Hants, il avait envie de changement. « On dit que la vie débute à 50 ans. Eh bien, j’ai 51 ans et je suis prêt pour de nouveaux défis. » Mais le ministre a en outre insisté sur le fait que la raison principale de son départ était sa famille. « J’ai eu des rôles importants, au fil des ans. Mais les rôles ou les titres les plus importants de ma vie seront d’être l’époux de Max et le père de Rose et Claire », a-t-il fait valoir aux côtés de son mari, Maxime St-Pierre, et de ses jumelles de quatre ans, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
À la fin de la session parlementaire en décembre, alors que les députés faisaient leurs adieux à la Chambre des communes, qui vient de déménager pour permettre des rénovations, Scott Brison relate qu’il a réfléchi aux grandes décisions qui avaient été prises entre ces murs. «Y compris des décisions qui m’ont donné l’occasion de marier la personne que j’aime, et de fonder une famille tout en étant ouvert et honnête quant à la personne que je suis. »
Scott Brison a été le premier ministre ouvertement homosexuel au Canada et le premier politicien à épouser un conjoint de même sexe.
Il a été élu député sous la bannière du Parti progressiste-conservateur en 1997, dans sa circonscription de Kings– Hants. Il a ensuite rejoint le Parti libéral du Canada en 2003 à la suite de la fusion du Parti progressiste-conservateur et de l’Alliance canadienne, peu après qu’un député allianciste eut tenu des propos homophobes.
En tant que député transfuge, Scott Brison était un symbole important pour le Parti libéral, selon Greg MacEachern de la firme de relations publiques Proof Strategies. « Scott représentait cet électeur du centre que le Parti libéral pourrait attirer : libéral sur les enjeux sociaux, mais fiscalement conservateur. Un libéral bleu, illustre M. MacEachern. C’est une grosse perte. »
À son avis, son départ ne devrait pas pour autant nuire aux libéraux dans les Maritimes, où le PLC a raflé tous les sièges en 2015. « Les provinces atlantiques continuent d’appuyer le premier ministre. » Les derniers sondages donnent 47 % d’appuis aux libéraux dans les Maritimes.