Le Devoir

Pompeo lance un appel à l’unité contre l’Iran

Au Caire, le chef de la diplomatie américaine a milité pour la création d’une sorte d’OTAN arabe pour contrer Téhéran

- FRANCESCO FONTEMAGGI AU CAIRE AGENCE FRANCE-PRESSE

Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a appelé jeudi au Caire les pays du Moyen-Orient à « dépasser les vieilles rivalités » pour contrer l’Iran, niant le désengagem­ent américain de la région malgré l’annonce du retrait par Washington de ses troupes armées en Syrie.

Dans un discours prononcé à l’Université américaine du Caire, il a réaffirmé la ligne énoncée par Donald Trump dès 2017 à Riyad : union des alliés des ÉtatsUnis contre l’Iran chiite, plus que jamais désigné comme l’ennemi commun.

Il a d’ailleurs assuré que Washington continuera­it d’ oeuvrer, « par la diplomatie », pour « chasser » les Iraniens de la Syrie, où ils sont impliqués militairem­ent auprès du régime de Damas. Et s’assurerait « qu’Israël conserve la capacité militaire » à « se défendre contre l’aventurism­e agressif du régime iranien ».

Alors que les pays du Golfe, où il doit se rendre à partir de vendredi, se déchirent en raison du contentieu­x entre le Qatar et l’Arabie saoudite, Mike Pompeo a plaidé pour faire aboutir une Alliance stratégiqu­e du Moyen-Orient, sorte d’OTAN arabe que Washington veut créer contre Téhéran. Et il a loué le rapprochem­ent récent et inédit entre certains pays arabes et Israël.

Des flèches à Obama

L’objectif du discours et de la longue tournée du secrétaire d’État est de démontrer la cohérence de la stratégie régionale des États-Unis au moment où plusieurs de leurs alliés sont désarçonné­s par les décisions du président Trump, du retrait de la Syrie à la reconnaiss­ance de Jérusalem comme capitale d’Israël, en passant par la sortie de l’accord sur le nucléaire iranien.

Tentant de prendre le contre-pied des critiques, il s’en est violemment pris, sans le nommer, à Barack Obama. Le prédécesse­ur de Donald Trump avait appelé, dans un discours également prononcé au Caire en 2009, à un « nouveau départ » avec le monde musulman.

Selon Mike Pompeo, l’ex-président démocrate a en fait « enhardi » le régime iranien et « gravement sous-estimé la ténacité et la brutalité de l’islamisme radical ».

« Quand l’Amérique se désengage, le chaos suit », a martelé le chef de la diplomatie américaine. « L’Amérique ne se désengager­a pas tant que le combat contre la terreur ne sera pas terminé », a-t-il assuré.

Cela va-t-il dissiper l’impression d’incohérenc­e et d’improvisat­ion qui flotte autour de la politique américaine au Moyen-Orient ? Pas sûr. Car tout en assurant que les États-Unis étaient de retour, Mike Pompeo a confirmé que le retrait de la Syrie aurait bien lieu.

« Le président Trump a pris la décision de retirer nos troupes, nous allons le faire », a-t-il affirmé, se gardant toutefois de mentionner un calendrier.

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Mike Pompeo

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