La recette du remake
Sous un autre jour, la version hollywoodienne d’Intouchables, ne surprend pas
Conte social ou cumul de clichés, peu importe comment on perçoit The Upside, celui-ci n’échappe pas à sa réalité de copie pratiquement conforme d’Intouchables (Olivier Nakache et Éric Toledano). Ce remake hollywoodien d’un des plus gros succès français de la dernière décennie peut en effet toucher, voire faire rire, comme il peut lasser et même décourager. À l’instar de l’autre.
Faut croire que la recette gagnante s’est imposée. Il y a bien sûr quelques ajustements de mise pour transposer le récit de Paris à New York, d’un hôtel particulier à un penthouse. Autrement, le décalage entre les personnages campés jadis par François Cluzet et Omar Sy, incarnés ici par Bryan Cranston (Argo) et Kevin Hart (Jumanji…), est minime.
On retrouve les mêmes scènes, à l’instar de l’épilogue avec de véritables paravents, qu’on aurait souhaité ininterrompu. Privé de l’effet surprise, le public francophone n’a pas grande raison de se ruer dans les salles.
Si ce n’était du fait que cette fiction est l’adaptation d’une histoire vécue, la rencontre entre Phillip, tétraplégique milliardaire (Cranston), et Dell, ex-détenu tout juste libéré (Hart), serait une fantastique fabulation tirée par les cheveux. Mais voilà, il s’agit d’un conte bien réel. Il y est démontré que l’amitié et l’entraide peuvent naître dans l’opposition et que le narcissisme, ou l’égoïsme, peut se transformer en empathie.
L’approche du scénario, autant l’original que l’américanisé, repose cependant sur une série de saynètes cocasses, sans grande profondeur pour la plupart. La réalisation de Neil Burger (Limitless) puise sans fin dans les contrastes, entre les ressources de l’un et l’innocence de l’autre, la privation de mouvement du premier et la liberté retrouvée du second.
Une fois de plus, la distance entre les classes s’appuie sur les références culturelles. Le riche collectionne l’art avec excès, écoute de l’opéra sans fin, s’abreuve de poésie pour entretenir une relation épistolaire. Un monde inconnu pour son nouvel employé, engagé comme auxiliaire de vie malgré l’absence de références.
En dehors de son amour pour sa reine Aretha Franklin, Dell multiplie les réactions grossières au contact de l’art. Mais, comme par magie, il s’adonnera à la peinture, se plaira à jouer les chefs d’orchestre et aura, au bout du compte, une influence sur les affaires de coeur du patron.
The Upside est une production de la boîte d’un certain Weinstein. Les démêlés judiciaires ont d’ailleurs retardé la sortie commerciale du film présenté au Festival de Toronto de 2017. L’appât du gain semble avoir été déterminant et on a misé sur des gros noms pour séduire le public.
Malgré des carrières discrètes au cinéma, Bryan Cranston et Kevin Hart sont de grosses vedettes de la télé. Au duo, on a ajouté Nicole Kidman pour jouer la belle de service, en tant que gestionnaire des affaires de Phillip. Leur travail est honnête, juste, bien que Hart tombe souvent dans le sketch. C’est le lot des humoristes qui font du cinéma, à l’instar de ce qu’on reproche aux Louis-José Houde du Québec.
Sous un autre jour (V.F. de The Upside) ★★
Comédie dramatique de Neil Burger. Avec Bryan Cranston, Kevin Hart, Nicole Kidman, 2017, 125 minutes.