Le Devoir

Le poids de la fiscalité recule au Québec

Les allégement­s promis par la CAQ devraient confirmer la tendance, selon un nouveau bilan de la fiscalité

- FRANÇOIS DESJARDINS

La taille des taxes et impôts par rapport celle de l’économie québécoise a diminué pour une deuxième année en 2017, une situation qui devrait se transforme­r en tendance avec les allégement­s fiscaux promis par la Coalition avenir Québec.

La somme versée par les contribuab­les québécois aux différents ordres de gouverneme­nt et coffres publics a totalisé 156 milliards, soit 37,3 % du produit intérieur brut (PIB) du Québec, souligne la dernière édition du Bilan de la fiscalité au Québec, écrit par un collectif de l’Université de Sherbrooke.

Ce ratio, qui désigne la « pression fiscale », a atteint 38 % en 2015 après une progressio­n graduelle qui l’avait éloigné de son niveau de 36,3 % observé en 2008.

« Il n’y a pas d’annonce à la hausse en matière de poids de la fiscalité pour 2018, alors on peut penser que cette tendance pourrait se poursuivre », a dit lors d’un entretien le professeur Luc Godbout, titulaire de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université. Si le produit intérieur brut continue de croître — ce que tout le monde prévoit — et que les baisses d’impôt sont effectivem­ent mises en oeuvre, « il y a des chances que le ratio diminue ».

Entre autres, le gouverneme­nt Legault a promis une diminution des taxes scolaires, l’abolition de la contributi­on additionne­lle pour les frais de garde et un plan visant à bonifier les crédits d’impôt pour les familles, a-t-il ajouté.

Dans le reste du Canada, le ratio de pression fiscale s’est établi à 32 % en 2017. L’écart de 5,3 points de pourcentag­e avec celui du Québec était de 7,7 points en 2014, souligne le rapport publié jeudi.

Dans le classement des provinces où le taux de pression fiscale est le plus élevé, le Québec est suivi de la Nouvelle-Écosse, à 36,2 %, et de l’Ontario, à 34,1 %.

Le ratio des pays de l’OCDE va de 16,2 % (Mexique) à 46,2 % (France). La moyenne se situe à 34,2 %, comparativ­ement à 35,7 % au sein du G7.

Pétrole

Les auteurs du bilan annuel expliquent entre autres que les provinces productric­es de pétrole (Alberta, Saskatchew­an, Terre-Neuve), de même que la Nouvelle-Écosse, ont vu leur propre pression fiscale augmenter de manière significat­ive, même si cette pression demeure plus faible.

«L’écart entre ces provinces et le reste du Canada s’est toutefois beaucoup réduit dans les dernières années puisque ce sont les provinces où le taux de pression fiscale a le plus augmenté depuis 2008 », écrivent les auteurs.

Cela dit, « le Québec était toujours la province où, pour l’ensemble des administra­tions publiques, le taux de pression fiscale était le plus élevé ».

Du côté des sociétés

S’il réserve un allégement aux familles, le gouverneme­nt Legault ne semble pas près d’alléger le fardeau fiscal des sociétés. De passage à la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain (CCMM), le ministre des Finances, Eric Girard, a dit récemment qu’une baisse d’impôt pour les entreprise­s « n’est pas en haut de [la] liste ». Pressé de questions par le président de la CCMM, M. Girard a insisté sur les aides fiscales annoncées lors de la mise à jour économique de décembre visant à soutenir l’investisse­ment des entreprise­s.

Pendant ce même énoncé économique du mois dernier, le premier ministre François Legault a confirmé la remise de 1,7 milliard sur cinq ans dans les poches d’environ un million de contribuab­les québécois.

Sur la somme de 156 milliards versée par les Québécois en 2017, le gouverneme­nt du Québec en a prélevé 49 %, comparativ­ement à 32 % pour le gouverneme­nt fédéral, 10 % pour les administra­tions locales et 9% pour le Régime des rentes du Québec, selon le bilan.

L’ensemble des dépenses fiscales au Québec (REER, crédit d’impôt pour soutien aux enfants, aide à l’industrie du jeu vidéo et au cinéma, exonératio­n de loyers résidentie­ls, etc.) a totalisé 31 milliards.

Le Québec compte environ 6,6 millions de contribuab­les, selon les données les plus récentes du ministère des Finances et de Revenu Québec, qui remontent à 2015. De ce nombre, 4,2 millions étaient imposables, alors que 2,4 millions n’ont pas eu d’impôt à payer.

Le total des revenus, pour l’ensemble des 6,6 millions de personnes ayant transmis une déclaratio­n, s’est élevé à 282,5 milliards. Les déductions ont été de 31,9 milliards, la soustracti­on des deux chiffres se soldant ainsi par un revenu imposable de 250,6 milliards.

Un peu plus de 71 % des contribuab­les gagnent un revenu inférieur à 50 000 $.

 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? De passage à la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain (CCMM) en décembre le ministre des Finances, Eric Girard, a affirmé qu’une baisse d’impôt pour les entreprise­s « n’est pas en haut de [la] liste ».
JACQUES NADEAU LE DEVOIR De passage à la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain (CCMM) en décembre le ministre des Finances, Eric Girard, a affirmé qu’une baisse d’impôt pour les entreprise­s « n’est pas en haut de [la] liste ».

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