Mariage dans les fonds négociés en Bourse
L’alliance stratégique annoncée cette semaine entre RBC et BlackRock vient une nouvelle fois déplacer une frontière toujours plus fluide entre l’univers des fonds d’investissement traditionnels et celui des fonds négociés en Bourse (FNB). Surtout, elle vient accélérer cette mouvance vers des frais de gestion plus ténus.
L’annonce est venue mardi. RBC Gestion mondiale d’actifs (GMA) et BlackRock Canada ont annoncé le regroupement, sous une seule marque, de leurs familles de FNB offerts au Canada. RBC iShares comptera 60 milliards de dollars d’actif sous gestion, soit les 55 milliards apportés par BlackRock et les 5 milliards de RBC, pour renforcer le premier rang au sein de l’industrie avec une part de marché de 38 %. BMO suit avec 49 milliards au 31 décembre 2018, soit 31 % des 157 milliards que cumule l’industrie des FNB au Canada, qui compte 33 manufacturiers ou émetteurs proposant 770 produits listés.
Il est question d’une alliance stratégique, les deux institutions conservant leur identité propre. On combine l’expertise, les stratégies d’investissement et les forces de commercialisation de chacune au sein d’une famille élargie qui contiendra 150 FNB. Plus en détail, « 106 solutions indicielles liquides, de grande qualité et assorties de frais concurrentiels gérées par BlackRock Canada et 44 solutions indicielles à gestion active et à bêta intelligent gérées par RBC GMA », peut-on lire dans le communiqué de la Banque Royale.
Aussi, le plus grand gestionnaire de FNB au monde (BlackRock) élargit son réseau de distribution alors que l’un des grands gestionnaires d’actif au Canada enrichit son pipeline, qui s’étend aux conseillers et courtiers de plein exercice, au courtage à escompte et aux plateformes de conseillers robots. Avec, pour conséquences directes, un gain d’efficience, une hausse de la liquidité et, « dans certains cas, une légère réduction des frais de gestion ». Et toujours avec une reconnaissance plus grande de la pertinence et de la dimension incontournable des FNB auprès des investisseurs.
Dans un survol de la transaction, la Banque Nationale nous rappelle qu’en 2017, iShares annonçait un autre mariage, à plus petite échelle, avec, cette fois, Fonds Dynamique, une propriété indirecte de la Banque Scotia, permettant du coup à cette banque de faire son entrée dans l’industrie des FNB. Pour la première fois, un FNB investissait directement dans des fonds communs de placement gérés activement, ici, par Dynamique, tout en conservant sa structure de frais de gestion avantageux. On parle de cinq Dynamic iShares, Dividendes ou titres à revenu fixe, avec des frais de gestion annuels oscillant entre 0,58 et 0,85 %, contre des frais variant entre 1,25 et 1,9 % dans la version traditionnelle.
Petit retour sur les FNB. Afin d’offrir des frais de gestion inférieurs, parfois de loin, à ceux des fonds d’investissement traditionnels, la grande majorité d’entre eux proposent une stratégie d’investissement passive, se contentant de répliquer un indice ou un portefeuille de référence. À l’autre bout du spectre, on retrouve les FNB à gestion active, puis à effet de levier.
Ces véhicules se décomposent entre les FNB dits physiques et les synthétiques, ces derniers s’en remettant aux swaps et aux instruments dérivés pour obtenir l’exposition recherchée, avec des frais de gestion encore plus bas.
Au sens large, ils retiennent l’attention pour le risque plus ciblé qu’ils proposent, par leurs frais de gestion moindres et parce qu’ils sont négociés en Bourse. Ils sont appréciés pour l’élément de diversification — de titres, de secteurs ou de stratégie d’investissement — qu’ils apportent aux portefeuilles. Ces instruments permettent l’accès, parfois pointu, à un panier de titres diversifiés pouvant comprendre des actions, des obligations, des devises ou des marchandises. Voire, aussi, une approche ciblée en matière de placement et de risque particulier.
Afin d’offrir des frais de gestion inférieurs, parfois de loin, à ceux des fonds d’investissement traditionnels, la grande majorité des FNB proposent une stratégie d’investissement passive, se contentant de répliquer un indice ou un portefeuille de référence