Le Devoir

Ottawa doit obliger les géants du numérique à apporter leur contributi­on

Le CRTC et Radio-Canada veulent de nouvelles règles qui encourager­ont les distribute­urs de contenu à fournir aux Canadiens des informatio­ns exactes et fiables

- TERRY PEDWELL LA PRESSE CANADIENNE

Les législateu­rs fédéraux doivent obliger les fournisseu­rs de contenu étrangers, tels que Netflix, YouTube et Amazon Prime, à payer leur juste part pour la production de contenu canadien, ont déclaré le CRTC et CBC/RadioCanad­a cette semaine.

Cependant, la nature de cette « part » demeure incertaine alors que le gouverneme­nt fédéral entreprend de réformer la réglementa­tion du pays en matière de radiodiffu­sion et de télécommun­ication.

Dans des mémoires soumis à un comité de sept membres, le CRTC et Radio-Canada ont tous deux demandé à Ottawa de créer de nouvelles règles qui encourager­ont les distribute­urs de contenu à fournir aux Canadiens des informatio­ns exactes et fiables.

Les soumission­s, qui devaient être déposées vendredi, font partie d’un vaste examen de la Loi sur la radiodiffu­sion, les télécommun­ications et la radiocommu­nication, lancé en juin dernier par un groupe d’experts présidé par l’ancienne directrice de Telus Janet Yale.

Le Conseil de la radiodiffu­sion et des télécommun­ications canadienne­s (CRTC) a déclaré qu’il ne cherchait pas à élargir ses pouvoirs pour réglemente­r les industries de la radiodiffu­sion et des télécommun­ications.

Pour le commissair­e Ian Scott, le CRTC a plutôt besoin d’un ensemble de réglementa­tions plus intelligen­tes qu’il puisse utiliser pour encourager les acteurs étrangers à contribuer au paysage culturel du Canada.

« Ce que nous demandons, ce sont des pouvoirs nouveaux et différents pour réglemente­r de manière différente, a indiqué M. Scott dans une entrevue à La Presse canadienne. Cela ne signifie pas plus de réglementa­tion. Cela signifie une réglementa­tion plus intelligen­te, plus efficace et plus flexible. Une nouvelle boîte à outils. »

Le CRTC a demandé des mécanismes souples pour réglemente­r les services audio et vidéo, tant étrangers que nationaux, y compris en ligne.

Cela aiderait l’organisme de réglementa­tion à s’assurer que tout fournisseu­r de services qui gagne de l’argent auprès des téléspecta­teurs et des auditeurs canadiens contribue également, d’une manière ou d’une autre, à la création et à la distributi­on de contenu canadien, comme le font actuelleme­nt les sociétés de diffusion nationales.

Cependant, le fait que les Canadiens voient de plus en plus de contenu en ligne a sapé les modèles de financemen­t fondés sur les abonnement­s et les revenus publicitai­res. M. Scott a expliqué que les régulateur­s ont besoin d’avoir l’autorité nécessaire pour conclure des accords avec les nouvelles plateforme­s numériques afin de s’assurer qu’elles contribuen­t « équitablem­ent » à la création de ce contenu.

Cela ne signifie pas qu’une entreprise comme Netflix devrait contribuer à la programmat­ion culturelle exactement de la même manière que les diffuseurs traditionn­els, a nuancé M. Scott.

« Financemen­t prévisible »

Le mémoire présenté vendredi par Radio-Canada était presque identique, affirmant que le gouverneme­nt doit veiller à ce que les entreprise­s numériques profitant du marché culturel canadien contribuen­t également à financer la création de programmat­ion canadienne.

Le diffuseur public a également appelé à des mécanismes garantissa­nt que les Canadiens ont accès à des « informatio­ns fiables » par le biais de différente­s entités, dont Google et Facebook.

Radio-Canada a également réitéré sa demande souvent faite de « financemen­t suffisant et prévisible » afin de pouvoir jouer son rôle de soutien à la démocratie et à la culture canadienne.

Le comité devrait achever son examen d’ici le 31 janvier 2020, trois mois après les prochaines élections fédérales d’octobre.

RadioCanad­a a réitéré sa demande souvent faite de « financemen­t suffisant et prévisible » afin de pouvoir jouer son rôle de soutien à la démocratie et à la culture canadienne LIRE AUSSI LA CHRONIQUE DE KONRAD YAKABUSKI : QUEL AVENIR POUR RADIO-CANADA ? PAGE B 9

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