Le Devoir

On en salive déjà

La rentrée hivernale verra défiler les nouveaux crus d’une pléthore de brillants cinéastes d’ici

- FRANÇOIS LÉVESQUE

Il y a longtemps qu’on n’avait pas vu pareil cas de figure en cinéma québécois. Même que l’on se demande si cela s’est déjà produit. De quoi s’agitil? D’une manne de gros noms, à défaut d’une meilleure expression. Ainsi, bien que les saisons du froid et du redoux compteront leur lot de films de cinéastes prometteur­s, telle Geneviève Dulude-De Celles, ce qui frappe d’emblée, c’est le nombre d’oeuvres d’auteurs établis. Pas un mois ou presque ne s’écoulera sans qu’un nouveau Denis Côté, un nouveau Maxime Giroux, un nouveau Jennifer Alleyn, un nouveau Guy Édoin ou un nouveau François Delisle ne prenne l’affiche. Impatients, on est.

Le 18 janvier, on assistera au retour attendu de la trop rare Jennifer Alleyn (L’atelier de mon père, Dix fois Dix) avec Impetus, un essai relevant du documentai­re et de la fiction salué dans différents festivals. On y suit une réalisatri­ce (Alleyn), un ingénieur (Emmanuel Schwartz), une actrice (Pascale Bussières) et un musicien (John Reissner), chacun aux prises avec un blocage qui lui sera paradoxale­ment salutaire.

Le même jour, Guy Édoin (Marécages, Ville-Marie) proposera lui aussi son plus récent long métrage : Malek, histoire d’un immigrant libanais (Tewfik Jallab) qui surmonte ses traumatism­es grâce à l’écoute d’une psychologu­e (Karine Vanasse) et à l’amour d’une femme d’origine iranienne (Hiba Abouk). D’après le roman Le cafard de Rawi Hage. On est intrigué.

Le 25, Maxime Giroux (Félix et Meira) s’amènera pour sa part avec La grande noirceur, ou l’épopée sur-

réaliste d’un imitateur de Chaplin (Martin Dubreuil) lancé dans une Amérique hostile sur fond de Grande Dépression. Celui-là, on l’a vu et on le reverra. C’est bon comme ça.

Maître et recrues

Au jour du 1er février, place à la relève qu’incarne Geneviève Dulude-De Celles, dont le sensible Une colonie, retenu à Berlin, brosse le portrait tout en demi-teintes d’une préadolesc­ente en mal de repères dans un nouvel environnem­ent. Aussi sélectionn­é à Berlin, en compétitio­n officielle par surcroît, Répertoire des villes disparues sortira le 15. Denis Côté (Curling, Vic + Flo ont vu un ours) y adapte un roman de Laurence Olivier, soit la chronique d’un village isolé en proie à de curieux phénomènes.

Février se clora avec la comédie Avant qu’on explose, premier long de Rémi St-Michel sur scénario d’Eric K. Boulianne, avec jeune distributi­on épatante (Étienne Galloy, Will Murphy, Madani Tall, Julianne Côté, Antoine Olivier Pilon). Dans le futur immédiat, une seconde guerre froide a cours, celle-là entre la Corée du Nord et les États-Unis, dont les relations se sont envenimées. Dans sa petite ville, un adolescent craint, plus que la bombe, de périr avec sa virginité.

En familles

Mi-mars, après des escales entre autres à Locarno et à Rotterdam, paraîtra enfin Genèse de Philippe Lesage. Dans la continuité de son précédent Les démons, le cinéaste conte une tranche de prime jeunesse troublée, celle d’un frère (Théodore Pellerin) au collège privé et d’une soeur (Noée Abita) tiraillée entre un amoureux (Pier-Luc Funk) et un amant (Maxime Dumontier), avec fils narratifs entrelacés.

Autre récit à connotatio­n familiale que Ca$h Nexu$, de François Delisle, prévu le 22 mars, et dans lequel Alexandre Castonguay incarne un junkie sur la brèche forcé de renouer avec les siens (François Papineau, Evelyne Brochu, Guy Thauvette).

Viendra finalement l’été, ses langueurs et ce Jeune Juliette d’Anne Émond dont on aura l’occasion de reparler, question de rehausser d’un cran la faible moyenne de cinéastes femmes. Quoiqu’en la matière, avec l’annonce récente du financemen­t par la SODEC de six projets de réalisatri­ces contre cinq de réalisateu­rs, un autre attrayant cas de figure se profile à l’horizon. D’ici là, bon cinéma.

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FUNFILM La grande noirceur, ou l’épopée surréalist­e d’un imitateur de Chaplin (Martin Dubreuil) lancé dans une Amérique hostile sur fond de Grande Dépression, un film de Maxime Giroux.
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FUNFILM Une colonie, de Geneviève DuludeDe Celles, brosse le portrait d’une préadolesc­ente en mal de repères.
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LOU SCAMBLE Sélectionn­é à Berlin en compétitio­n officielle, Répertoire des villes disparues sortira le 15 février. Denis Côté y adapte un roman de Laurence Olivier, soit la chronique d’un village isolé en proie à de curieux phénomènes.

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