Faire une scène pour mieux s’ouvrir à l’autre
Larry Tremblay adapte son roman graphique Même pas vrai pour le jeune public
À la suite de la parution de Même pas vrai, édité en 2016 aux Éditions de la Bagnole, le dramaturge Larry Tremblay a reçu un coup de téléphone de la comédienne et metteure en scène Martine Beaulne. Elle avait lu l’album et voulait en faire un spectacle de marionnettes avec André Laliberté du Théâtre de l’OEil. Les prémisses de ce qui deviendra Marco bleu venaient de voir le jour.
Si l’adaptation théâtrale prend plusieurs libertés par rapport au texte initial, « l’élément déclencheur de la pièce demeure, tout comme dans le livre, l’arrivée d’un bébé. Marco, sept ans, se sent délaissé parce que l’attention est tournée vers sa petite soeur», raconte Larry Tremblay, joint par Le Devoir. « Ça déclenche quelque chose en lui, mais ce n’est pas énorme parce que je ne voulais pas faire une pièce psychologique. Donc, disons que c’est un chemin qui permet aux scènes de ne pas s’éparpiller, le fil rouge de la pièce ».
Au contraire, l’auteur de L’orangeraie tend plutôt, avec Marco bleu, vers une approche philosophique — mais ludique — et reprend ses thèmes de prédilection. «Mon propos, c’était de permettre à l’enfant de voir qu’il y a toutes sortes de façons de vivre. C’est en quelque sorte une réflexion sur l’altérité, sur l’autre, qui n’est pas nécessairement comme nous. Alors, j’ai inventé le double de Marco, Marco bleu, un extraterrestre dessiné par le personnage principal et avec qui il part sur sa planète. C’est là qu’il prend conscience du besoin de revoir sa famille et sa soeur », explique l’auteur.
L’utilisation de la marionnette permet beaucoup de liberté dans le traitement du sujet. «Elle peut faire des choses qu’on ne peut pas demander à un comédien, raconte Tremblay. Par exemple, dans la pièce, Marco se rend compte que Marco bleu n’a pas de mémoire. Il décide d’aller voir dans sa tête et constate qu’il a oublié de lui en dessiner une. Ça donne une liberté dans le traitement du corps, une liberté anatomique. Évidemment, on ne peut pas faire ça dans le réel. En même temps, quand on écrit pour la marionnette, il faut être très économe sur le plan des mots. Une marionnette ne doit jamais être bavarde. Il ne faut pas que le texte la noie. Donc, il faut trouver un équilibre entre le visuel et ce qu’on entend. Il a fallu que j’aille à l’essentiel quand j’écrivais les répliques. »
Voyage au bout de soi, épopée ludique et philosophique, le tout cerclé d’imaginaire, Marco bleu foulera les planches de la Maison Théâtre à compter du 6 février pour ensuite poursuivre sa route au Théâtre des Gros Becs à Québec et au Centre national des arts à Ottawa.