Aspirants à l’OSM, jeunes prodiges à l’OM
La variété des chefs, Carmen à l’opéra et l’offre de la salle Bourgie marqueront l’hiver et le printemps
La saison entamée à l’OSM s’avère pour l’heure la plus passionnante des deux dernières décennies puisque la présence de plusieurs chefs testés dans le cadre du processus de recherche d’un nouveau directeur musical — Rafael Payare, François-Xavier Roth et Alain Altinoglu — nous a valu des soirées musicales exaltantes. Cela se poursuit dès le 16 janvier avec David Robertson, Américain francophile en partance de l’Orchestre symphonique de Saint-Louis, qui dirigera notamment Hélène Guilmette dans la 4e Symphonie de Mahler. À surveiller également, les 8 et 9 mai, la venue de Pablo Heras-Casado et, du 15 au 17 mai, celle d’une seconde «maestra», soit Karina Canellakis, la première, Susanna Mälkki, ayant, hélas, amèrement déçu.
Le printemps de l’OSM sera aussi marqué par une tournée en Europe en mars, par deux minifestivals (Brahms en février et Mozart en avril) et par la première visite de Michael Tilson Thomas, qui dirigera le Concerto pour orchestre de Bartók les 22 et 23 mai.
Bartók sera à l’honneur à l’Orchestre Métropolitain, dès le 1er mars, lorsque Yannick Nézet-Séguin dirigera Le château de Barbe-Bleue avec John Relyea et Michèle Losier. À l’OM on juxtaposera avec intérêt le retour du prodige Jordan de Souza, le 12 avril dans un programme Schumann, et le concert de Nicolas Ellis dirigeant la 4e Symphonie de Beethoven un mois plus tard.
À I Musici, le projet phare sera le concert du 35e anniversaire, le 26 mai, avec Marianne Fiset, Stéphane Tétreault et Charles Richard-Hamelin à la Maison symphonique de Montréal, alors qu’aux Violons du Roy, La Chapelle de Québec se produira à deux reprises. D’abord pour la première fois sous la direction de Jonathan Cohen le 3 mars dans La création de Haydn, puis sous celle de Bernard Labadie le 11 mai dans la Messe en si de Bach.
Jordi et les autres
Les Violons du Roy sont aussi associés, à travers un programme réunissant Mathieu Lussier, le baryton JeanFrançois Lapointe et la harpiste Valérie Milot, à la première édition du Festival Palazzetto Bru Zane Montréal, du 8 au 10 mars à la salle Bourgie. Spectacle original en cette fin de semaine, Votez pour moi! : des airs d’opérettes et des chansons politiques sur les élections et l’art de gouverner…
Au sein de la profuse programmation de la salle Bourgie, le premier temps fort sera une série de trois concerts Fauré de Louis Lortie, du 22 au 24 janvier. Pour les concerts de Jordi Savall, les 16 et 17 février, il n’y a plus de billets depuis longtemps. Mais la programmation est quasi intarissable en événements: soirée Schubert à quatre mains avec Andreas Staier et Alexander Melnikov (13 mars) ; début d’une intégrale des sonates de Mozart avec Christian Blackshaw (19 et 20 mars) ; retour de Marco Beasley (13 avril) et des noms qu’on s’attend à voir dans des salles de 1000 places et plus, tels Yefim Bronfman le 10 février ou Khatia Buniatishvili le 15 avril.
C’est à la salle Bourgie, aussi, que Caprice donnera sa Messe en si le 26 janvier, qu’Arion recevra ses deux valeurs les plus sûres, Lorenzo Coppola en mars et Enrico Onofri en mai, et que Les Idées heureuses programmeront le 28 février une grande fête du clavecin autour des partitas de Graupner. Mais c’est au Conservatoire que Les Boréades accueilleront le grand hautboïste Alfredo Bernardini le 13 février et à la chapelle historique du Bon-Pasteur que Jori Vinikour visitera ses alter ego de Clavecin en concert le 31 mai.
Pro Musica recevra pour la première fois un claveciniste, Jean Rondeau, et ses amis le 21 février et, en association avec l’OSM, accueillera également Leif Ove Andsnes (26 janvier), Anne Sophie Mutter (15 mars), Jean-Philippe Collard (1er mai) et Evgueni Kissin (25 mai). Quant au Ladies’ Morning, ce sera le temps des quatuors avec les Miro, Escher, Fauré (piano et cordes) et Artemis.
Le Nouvel Ensemble moderne fêtera le 3 mai ses 30 ans, avec un programme comprenant notamment Déserts d’Edgar Varèse. Notons que le festival Montréal / Nouvelles Musiques aura lieu du 21 février au 2 mars.
De Champion à Carmen
Les amateurs d’art lyrique iront à l’Opéra de Montréal découvrir Champion de Terence Blanchard le 26 janvier avant la Carmen de Charles Binamé en mai. Ils pourront se prépa-
Le printemps de l’OSM sera marqué par une tournée en Europe en mars, par deux minifestivals (Brahms en février et Mozart en avril) et par la première visite de Michael Tilson Thomas
rer en allant voir Carmen dans le cadre des projections du Metropolitan Opera au cinéma le 2 février. Les retransmissions à ne pas manquer sont la reprise de La Walkyrie de Robert Lepag le 30 mars et Dialogues des carmélites dirigé par Yannick NézetSéguin le 11 mai. Quiconque a suivi le Concours musical de Montréal 2018 (l’édition 2019 se tiendra du 27 mai au 5 juin) se précipitera au récital de mélodies donné par John Brancy le 27 janvier pour la Société d’art vocal au Conservatoire. Quant aux amateurs de Mozart, ils seront servis par les établissements d’enseignement avec Cosi fan tutte à l’Université de Montréal (28 février) et La flûte enchantée d’Opéra McGill (1er février).
Petit clin d’oeil pour finir: le prochain concert de l’ECM +, le 25 janvier, consacré à Gilles Tremblay, est presque, dans les circonstances, un hommage involontaire conjoint à Claude Gingras. La création de l’oeuvre À quelle heure commence le temps ?, qui revit pour l’occasion, avait inspiré en 1999 à notre défunt confrère l’un des titres dont il était le plus fier: «À quelle heure finit le concert?».