Lettre à Chloé Sainte-Marie
Bonjour Madame Sainte-Marie,
Je viens de lire votre belle lettre dans Le Devoir, sur la notion d’appropriation. Le piège est dans le mot : appropriation évoque la propriété. Or, je ne suis propriétaire ni de ma langue ni de celle de l’autre, du mohawk, de l’innu ou de l’anglais.
Je ne suis pas propriétaire de mes idées ni des vôtres. J’adopte votre idée ou je la vole. Tout dépend de la dose d’orgueil qu’on veut y mettre.
Je ne peux à l’évidence devenir propriétaire de l’esclavagisme ou du génocide des autres. Je peux parler de la volonté colonialiste, cellelà est dans mon camp. J’adopte depuis longtemps les mots de Félix, de Clémence et de Richard Desjardins. L’artiste est un passeur, pas un voleur.
Luc Panneton Saint-Laurent, le 10 janvier 2019