Le Devoir

Deux chefs rebelles en route pour La Haye

Un tribunal spécial enquête sur les crimes qu’aurait commis l’Armée de libération pendant le conflit

- AGENCE FRANCE-PRESSE À PRISTINA

Deux ex-chefs rebelles kosovars ont quitté Pristina dimanche pour être interrogés cette semaine à La Haye par le tribunal enquêtant sur des allégation­s de crimes de guerre lors du conflit contre les forces serbes qui s’est déroulé entre les années 1998 et 1999.

Rrustem Mustafa-Remi, 47 ans, doit commencer à être interrogé lundi, tandis que Sami Lushtaku, 57 ans, le sera à partir de mercredi, a précisé aux membres de la presse leur avocat, Arian Koci, à l’aéroport de Pristina.

Formé en 2015, le tribunal spécial sur les crimes qu’aurait commis l’Armée de libération du Kosovo (UCK), basé à La Haye, n’a jusqu’à présent annoncé aucune inculpatio­n.

«Hier, aujourd’hui, demain et à jamais, j’ai toujours été un défenseur et un protecteur de la vérité : la juste et pure Armée de libération du Kosovo », a déclaré Sami Lushtaku avant d’embarquer à bord d’un avion pour Stuttgart, une ville du sud de l’Allemagne.

Il a par ailleurs affirmé ne pas savoir s’il serait entendu en tant que témoin ou suspect.

De son côté, Rrustem Mustafa-Remi a expliqué avoir été convoqué en qualité « de témoin et de suspect », avant de prendre un vol pour Ljubljana, capitale de la Slovénie.

Avant leur départ, les deux hommes ont reçu la visite du premier ministre kosovar, Ramush Haradinaj, lui aussi ancien commandant de l’UCK, qui avait été acquitté en 2012 par le Tribunal pénal internatio­nal pour l’ex-Yougoslavi­e.

« Le fait que notre guerre de libération était pure et sacrée sera démontré avec force, à chaque fois et pour toujours ! » a commenté le premier ministre sur Facebook.

Conflit sanglant

Rrustem Mustafa-Remi et Sami Lushtaku appartienn­ent au Parti démocratiq­ue du Kosovo (PDK), le parti du président, Hashim Thaçi, ancien chef politique de l’UCK dont le nom est cité parmi les potentiels inculpés.

Dans un communiqué de presse, le PDK a estimé que le tribunal spécial était « un nuage noir au-dessus du Kosovo, mais il est temporaire et l’Armée de libération du Kosovo remportera sa prochaine bataille ».

La guerre du Kosovo est le dernier des conflits qui avaient conduit à l’explosion sanglante de l’ex-Yougoslavi­e dans les années 1990. Elle avait fait plus de 13 000 morts, dont quelque 11 000 Kosovars albanais, environ 2000 Serbes et 500 Roms.

Selon les médias kosovars, le tribunal spécial a convoqué une dizaine d’anciens combattant­s. Parmi eux, un autre officier supérieur kosovar, Sylejman Selimi, 48 ans, a invoqué des raisons médicales pour ne pas se rendre à la convocatio­n, tandis qu’un quatrième, Remzi Shala, 54 ans, a prévenu qu’il ne répondrait pas.

En décembre, les enquêteurs du tribunal spécial — chargés d’enquêter sur les crimes de guerre qui auraient été commis notamment contre des Serbes — sont allés à Pristina interroger l’ancien juge militaire Sokol Dobruna, 79 ans.

Les victimes des crimes supposés de l’UCK incluent des Serbes, mais aussi des opposants kosovars albanais et des Roms accusés de collaborat­ion.

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ARMEND NIMANI AGENCE FRANCE-PRESSE L’ancien commandant de l’Armée de libération du Kosovo Rrustem Mustafa-Remi, à son arrivée à l’aéroport de Pristina, dimanche
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