Le Devoir

« Je n’ai jamais travaillé pour la Russie », clame Trump

- JEROME CARTILLIER À WASHINGTON AGENCE FRANCE-PRESSE

« Je n’ai jamais travaillé pour la Russie » : dans la tourmente face à une cascade de questions sur ses liens avec Moscou, Donald Trump a lâché lundi cette phrase longtemps inimaginab­le dans la bouche d’un président des États-Unis.

Interrogé sur les révélation­s du New York Times concernant l’ouverture en 2017 d’une enquête de la police fédérale américaine (FBI) visant à déterminer s’il avait oeuvré pour le compte du Kremlin, M. Trump a vivement réagi, dénonçant une « arnaque monumental­e ».

« Non seulement je n’ai jamais travaillé pour la Russie, mais je pense que c’est une honte que vous posiez cette question », a-t-il lancé aux journalist­es depuis les jardins enneigés de la Maison-Blanche, à Washington, avant de s’envoler pour La Nouvelle-Orléans, en Louisiane.

En mai 2017, Donald Trump avait congédié le patron du FBI de l’époque, James Comey, officielle­ment accusé d’avoir géré inadéquate­ment une enquête sur des courriels personnels de sa rivale démocrate, Hillary Clinton. C’est ce limogeage qui, selon le New York Times, a poussé le FBI à ouvrir une enquête de contre-espionnage contre le président en 2017.

La police fédérale soupçonnai­t en effet M. Trump de s’être débarrassé de M. Comey puisque celui-ci refusait de mettre un terme aux premières enquêtes sur une éventuelle collusion entre le Kremlin et son équipe de campagne lors de la présidenti­elle de 2016.

Selon le quotidien new-yorkais, l’enquête du FBI a été rapidement fusionnée avec celle menée par le procureur spécial Robert Mueller sur des soupçons d’ingérence russe, toujours en cours.

«Les gens qui ont lancé cette en- quête […] l’ont fait, j’imagine, parce que j’avais congédié [James] Comey [l’ancien patron du FBI], ce qui fut une excellente décision pour notre pays », a déclaré lundi le président Trump.

Échanges dissimulés

Interrogé par ailleurs sur les informatio­ns du Washington Post selon lesquelles il aurait cherché à dissimuler les détails de ses conversati­ons avec son homologue russe Vladimir Poutine, le président américain a balayé ces articles d’un revers de manche. « Je n’en sais absolument rien, c’est beaucoup de fausses nouvelles […] Ce fut une rencontre couronnée de succès », a-t-il affirmé, faisant, semble-t-il, référence au sommet d’Helsinki en juillet 2018 avec M. Poutine.

À l’issue de cette rencontre, M. Trump avait suscité un tollé, y compris dans son propre camp, pour s’être montré particuliè­rement conciliant envers l’homme fort du Kremlin lors d’une conférence de presse commune, en particulie­r sur la question de l’ingérence russe dans la campagne présidenti­elle de 2016.

Citant d’anciens et d’actuels responsabl­es gouverneme­ntaux, le Washington Post affirme qu’il n’existe aucun rapport détaillé des échanges que M. Trump a eus avec M. Poutine en cinq lieux différents au cours des deux dernières années.

À l’issue d’une de ces rencontres, en Allemagne en 2017, le milliardai­re républicai­n aurait même pris possession des notes de son interprète, lui demandant de ne pas partager avec les autres membres de son gouverneme­nt la teneur de la conversati­on.

Le Congrès, où les démocrates contrôlent désormais la Chambre des représenta­nts, pourrait s’emparer de cette question sensible.

Chasse aux sorcières

Donald Trump, qui nie catégoriqu­ement toute collusion avec la Russie, critique régulièrem­ent l’enquête de M. Mueller, qu’il qualifie de « chasse aux sorcières». Cette enquête, toujours en cours, a débouché sur de multiples inculpatio­ns et condamnati­ons en particulie­r d’anciens proches collaborat­eurs du président.

Son adversaire malheureus­e lors de la présidenti­elle de 2016, Hillary Clinton, a profité de l’occasion pour donner de la voix. « Comme je l’avais dit : une marionnett­e», a-t-elle tweeté, renvoyant vers une vidéo d’un échange particuliè­rement vif lors de leur débat présidenti­el d’octobre 2016.

« Il est clair que [Vladimir Poutine] préférerai­t avoir une marionnett­e comme président des États-Unis», avait-elle lancé alors. « Vous êtes la marionnett­e, vous êtes la marionnett­e », avait rétorqué ce dernier.

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GERALD HERBERT ASSOCIATED PRESS Le président Donald Trump à La NouvelleOr­léans, en Louisiane, lundi

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