Grande première à New York pour NézetSéguin et Lemieux
Marie-Nicole Lemieux débutera au Met mardi soir sous la direction musicale de Yannick Nézet-Séguin
Yannick Nézet-Séguin présentera mardi soir son second spectacle en tant que directeur musical du Metropolitan Opera. Saveur particulière : cette première représentation de Pelléas et Mélisande de Debussy marque les débuts de MarieNicole Lemieux sur la scène du Met.
Le Pelléas et Mélisande que Yannick Nézet-Séguin fera revivre ce mardi sur la scène du Met n’est pas une nouvelle production. Comme pour Dialogues des carmélites, de Poulenc, plus tard en saison, il s’agit d’une reprise d’une mise en scène que les spectateurs new-yorkais n’avaient pas vue depuis la saison 2010-2011. Les interprètes étaient alors Stéphane Degout en Pelléas, Magdalena Kožená en Mélisande et Gerald Finley en Golaud, sous la direction de Simon Rattle, qui faisait ses débuts au Met.
Pour la présente série de représentations, Isabel Leonard aura, après Marnie, son second grand rôle de la saison sur la scène new-yorkaise. Paul Appleby sera Pelléas et Kyle Ketelsen incarnera Golaud. Si, pour nous, la présence de Marie-Nicole Lemieux en Geneviève, la mère de Pelléas et Golaud, sera un sujet de fierté particulière (enfin cette grande voix reconnue au Met !), les New-Yorkais seront aussi très concernés par le titulaire du rôle d’Arkel, père de Geneviève. C’est le vétéran Ferruccio Furlanetto qui en portera l’habit près de quarante ans après sa première prestation au Metropolitan Opera, où il débuta en 1980 dans le rôle du Grand Inquisiteur de Don Carlo de Verdi.
Un regard classique
La production qui revivra mardi soir date de 1995 et fut reprise en 2005 et en 2010. À l’origine c’était l’immense Marilyn Horne qui tenait le rôle endossé par Marie-Nicole Lemieux ce soir. Elle chantait, sous la direction de James Levine, aux côtés de Frederica von Stade, incontournable Mélisande de l’époque Dwayne Croft (Pelléas) et Victor Braun (Golaud). Jonathan Miller, le metteur en scène anglais, venait de fêter ses soixante ans. Miller, qui a souvent eu des relations amour-haine avec l’opéra, n’a pas manqué de se brouiller avec le Met dès sa seconde production, Les noces de Figaro (1998), après une bataille homérique l’opposant à Cecilia Bartoli, qui insistait pour introduire des airs habituellement coupés, ce que Miller récusait sur le plan de l’impact dramatique. La diva gagna et Miller ne travailla plus jamais dans la grande maison.
Pour Yannick Nézet-Séguin le chemin
Marie-Nicole Lemieux pourra savourer un instant longtemps attendu.
En 2010 déjà, dix ans après son triomphe au concours de Bruxelles, elle était consacrée en Europe avec des contrats à l’Opéra de Vienne, à l’Opéra Bastille de Paris, au Covent Garden de Londres, au Liceu de Barcelone et à la Scala de Milan.
va apparaître vertigineux, puisque le chef avait dirigé Pelléas en 2001 au Théâtre Maisonneuve dans le cadre de la saison de l’Opéra de Montréal dans une mise en scène de Barbe et Doucet, avec Marc Boucher (Pelléas), Nathalie Paulin (Mélisande) et Dion Mazerolle (Golaud). Le spectacle, comme la direction, avait écartelé la critique entre Claude Gingras positif dans La Presse et François Tousignant qui avouait une « crise d’urticaire » dans Le Devoir.
Quant à Marie-Nicole Lemieux elle pourra savourer un instant longtemps attendu. En 2010 déjà, dix ans après son triomphe au concours de Bruxelles, elle était consacrée en Europe avec des contrats à l’Opéra de Vienne, à l’Opéra Bastille de Paris, au Covent Garden de Londres, au Liceu de Barcelone et à la Scala de Milan. Et comme nous l’écrivions alors : « Derrière ce triomphe, ni mécène influent bourré aux as, ni grosse agence qui fait la pluie et le beau temps dans le métier : juste une aura et un talent, immenses. »
New York aura pris son temps. New York la verra ce soir, dans un rôle des plus ingrats, où il ne s’agit pas de vouloir en faire trop alors que l’on aimerait tant briller.