Ford et Volkswagen s’allient
Volkswagen et Ford ont mis mardi de côté leur rivalité en annonçant une alliance pour construire ensemble des fourgons, utilitaires et pick-up commerciaux afin d’être plus compétitifs dans une industrie automobile en pleine transformation.
Dans le cadre de cette alliance « mondiale », les deux groupes automobiles vont commencer à vendre en Amérique latine, en Europe et en Afrique des fourgonnettes et des utilitaires produits par Ford à partir de 2022. Le constructeur américain va également fabriquer un pick-up commercial pour les marchés européens pour le compte des deux groupes, tandis que l’allemand produira un fourgon urbain. Ces véhicules seront commercialisés en 2023.
Le géant allemand pourrait aider Ford en Europe, marché où le groupe américain perd de l’argent depuis près d’une décennie et où il vient d’annoncer des suppressions d’emplois non encore chiffrées et une revue de son portefeuille de marques. Ford, de son côté, aiderait VW à se renforcer aux États-Unis, marché où sa part de marché est faible et où sa réputation a été ternie par le scandale des moteurs diesels truqués.
Les deux groupes automobiles poursuivent en outre des discussions sur un possible partenariat dans le développement des véhicules autonomes et électriques et dans les services de mobilité. Ils pourraient également produire d’autres véhicules en commun. Cette alliance survient au moment où l’industrie automobile est lancée dans la course pour développer des technologies coûteuses censées définir les modes de transport de demain, mais aux modèles économiques encore incertains. Ford s’est engagé récemment à investir 15 milliards de dollars dans les véhicules électriques dans les prochaines années, contre 50 milliards pour VW.
« Nous excluons un échange croisé de participations », a néanmoins affirmé, lors d’une conférence téléphonique, Herbert Diess, le p.-d.g. de VW, dont le nouvel investissement de 800 millions de dollars dans son usine américaine de Chattanooga a été salué mardi par le président Donald Trump, qui y a vu «une grosse victoire» pour l’État du Tennessee, dans le sud du pays.
« L’industrie va probablement voir de plus en plus ce type de collaboration, car un constructeur ne peut proposer à lui seul toutes les gammes de produits aux consommateurs à travers le monde alors que le développement des voitures et des technologies devient de plus en plus coûteux », estime Michelle Krebs, analyste chez AutoTrader.
S’il juge nécessaires de tels partenariats, Karl Brauer n’exclut pas, pour sa part, des échecs en raison des différences de culture. «Comme le montrent actuellement les controverses autour de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, une collaboration n’est pas toujours facile et le succès n’est pas garanti », prévient l’analyste automobile.