Le Devoir

Michel Cadotte savait ce qu’il faisait

Après avoir été l’aidant naturel de son épouse durant dix ans, il l’a tuée pour la libérer de ses souffrance­s, a expliqué l’homme

- AMÉLI PINEDA

En colère et méfiant du personnel qui s’occupait de sa femme atteinte d’Alzheimer, Michel Cadotte, qui se rappelle dans les moindres détails le moment où il l’a étouffée avec son oreiller, était conscient du geste qu’il posait, lui a fait avouer la Couronne.

« Oui [je savais que ça allait entraîner sa mort] », a laissé tomber l’accusé, qui a plaidé non coupable à l’accusation de meurtre non prémédité.

Sereine

En contre-interrogat­oire mardi, M. Cadotte a confié qu’il savait que le geste qu’il avait posé le 20 février 2017 était « mal ». Il a également avoué qu’il aurait pu tenter de réanimer sa femme, Joceétait lyne Lizotte, mais a décidé de ne pas le faire parce qu’elle avait l’air sereine.

Mme Lizotte était atteinte de la maladie d’Alzheimer et avait complèteme­nt perdu son autonomie. Elle ne reconnaiss­ait plus personne, elle ne pouvait manger que des aliments en purée et, en raison de son errance, elle devait être retenue par contention sur une chaise gériatriqu­e toute la journée.

En contrôle

Tandis que la défense a soutenu que l’état d’esprit de M. Cadotte au moment du drame faisait en sorte qu’il n’avait plus le libre choix de ses actions, la Couronne a tenté de démontrer en contre-interrogat­oire qu’il était en contrôle de ses moyens.

C’est lui-même qui a demandé à ce qu’on appelle le 911. À l’arrivée des policiers, il se trouvait à côté du corps de Jocelyne Lizotte. Après avoir déposé un baiser sur le front de son épouse, il s’est livré aux autorités.

Lors de son témoignage, l’homme, qui a été l’aidant naturel de son épouse pendant près de dix ans, a soutenu vouloir soulager les souffrance­s de Jocelyne Lizotte lorsqu’il a décidé de mettre fin à ses jours.

Des frustratio­ns

M. Cadotte a répété que le jour du drame, il avait vécu énormément de frustratio­n lorsqu’à son arrivée au CHSLD il a constaté que l’appui-tête de sa femme n’avait pas été installé sur sa chaise gériatriqu­e.

«Je n’étais pas en colère contre ma femme, j’étais en colère à cause de ce qui arrivé […] Je me suis forcé à me calmer devant ma femme », a-t-il soutenu.

L’homme de 57 ans a insisté sur le fait que c’est après avoir mis sa femme au lit et tenté de placer l’oreiller comme il faut à trois reprises qu’il a décidé de lui donner la mort.

«Elle avait la tête qui pliait jusqu’à l’épaule. Moi, je n’aurais pas aimé avoir la tête comme ça. J’avais mal pour elle », at-il dit en retenant un sanglot. « J’ai décidé que c’était fini », a-t-il ajouté.

L’accusé a assuré qu’il n’avait pas l’intention de mettre fin aux jours de sa femme avant cet instant.

Le témoignage de M. Cadotte s’est terminé mardi. Le procès se poursuivra mercredi au palais de justice de Montréal avec le témoignage d’un psychiatre qui a rencontré l’accusé dans les heures qui ont suivi le drame.

 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? Michel Cadotte, que l’on voit ici accompagné de ses avocats et de sa belle-soeur, a reconnu mardi, lors de son témoignage, qu’il avait conscience qu’il était en train de tuer son épouse quand il lui a plaqué un oreiller sur le visage.
JACQUES NADEAU LE DEVOIR Michel Cadotte, que l’on voit ici accompagné de ses avocats et de sa belle-soeur, a reconnu mardi, lors de son témoignage, qu’il avait conscience qu’il était en train de tuer son épouse quand il lui a plaqué un oreiller sur le visage.

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