Le Devoir

Au Venezuela, Guaidó défie Maduro avec l’aide humanitair­e

- MARIA ISABEL SANCHEZ À CARACAS AGENCE FRANCE-PRESSE

L’opposant Juan Guaidó, reconnu président du Venezuela par une quarantain­e de pays, a défié le chef de l’État en organisant l’arrivée d’une aide humanitair­e internatio­nale aux frontières du pays, un « prétexte » à une interventi­on militaire étrangère, estime Nicolás Maduro.

Mardi, le Parlement, seule institutio­n contrôlée par l’opposition et présidée par M. Guaidó, a débattu d’un plan stratégiqu­e pour la distributi­on de nourriture et de médicament­s envoyés vers la Colombie et le Brésil voisins, et une île des Caraïbes, en espérant les faire entrer dans le pays malgré l’opposition du gouverneme­nt.

La Croix-Rouge vénézuélie­nne s’est dite prête à distribuer l’aide, mais une fois qu’elle sera au Venezuela.

Le régime Maduro « veut faire croire au monde entier que l’aide humanitair­e est le moyen de dissimuler un «Marine» plié dans un carton pour qu’il puisse prendre le pouvoir par les armes. Ce n’est pas de ça qu’il s’agit […] il s’agit de sauver des vies humaines», a déclaré le député d’opposition Miguel Pizarro, chef de la commission parlementa­ire sur l’aide humanitair­e.

Le gouverneme­nt Trudeau a promis lundi une aide de 40 millions de dollars destinée au peuple vénézuélie­n, s’ajoutant aux 20 millions de dollars d’aide annoncés par Washington, qui n’écarte par ailleurs pas une interventi­on militaire. De son côté, l’Union européenne a débloqué mardi une aide de 5 millions d’euros (7,5 millions de dollars canadiens).

« Ici, au Venezuela, personne ne va entrer. Pas un soldat envahisseu­r », a

Ici, au Venezuela, personne ne va entrer. Pas un » soldat envahisseu­r. NICOLÁS MADURO

répliqué le président Maduro, qui compte sur le soutien de la Russie, de la Chine, de la Turquie, de Cuba et de l’Iran. Le dirigeant socialiste accuse Washington — avec qui il a rompu ses relations diplomatiq­ues — d’utiliser Juan Guaidó comme un « pantin » pour le chasser du pouvoir et mettre la main sur le pétrole vénézuélie­n. Il reproche également aux Européens de soutenir ces « plans putschiste­s ».

« Il y a entre 250 000 et 300 000 Vénézuélie­ns qui risquent de mourir. Cette première contributi­on est destinée à la population la plus vulnérable », a affirmé de son côté M. Guaidó.

Fort de la reconnaiss­ance de 20 pays de l’Union européenne (UE), outre celle des États-Unis, du Canada et d’une douzaine de pays latino-américains, le chef de file de l’opposition va demander la protection des comptes bancaires et actifs vénézuélie­ns à l’étranger.

Les habitants du Venezuela sont aux prises avec de graves pénuries de vivres et de médicament­s, ainsi qu’une inflation galopante. Depuis 2015, quelque 2,3 millions d’entre eux se sont exilés, sur une population totale de 31 millions d’habitants.

Cherchant une sortie pacifique à la crise, un groupe de contact formé par l’UE et quatre pays d’Amérique latine (Bolivie, Costa Rica, Équateur et Uruguay) tiendra une première réunion jeudi à Montevideo avec le soutien de Maduro. Le Mexique, qui prendra part à la réunion, ne fait pas partie du groupe de contact. Juan Guaidó a dit refuser de participer à un « faux dialogue ».

Par ailleurs, une conférence internatio­nale sur l’aide humanitair­e pour le Venezuela doit se tenir le 14 février au siège de l’Organisati­on des États américains (OEA), à Washington.

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RAUL ARBOLEDA AGENCE FRANCE-PRESSE Des Vénézuélie­ns photograph­iés mardi alors qu’ils traversaie­nt la frontière entre leur pays et la Colombie.

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