Le Devoir

Lula à nouveau condamné

L’ancien président est derrière les barreaux depuis avril à la suite d’une condamnati­on pour corruption

- LOUIS GENOT RIO DE JANEIRO AGENCE FRANCE-PRESSE

Le couperet de la justice est tombé de nouveau sur l’ex-président Lula, figure historique de la gauche brésilienn­e, derrière les barreaux depuis l’an dernier et condamné mercredi à une deuxième peine de plus de 12 ans de prison pour corruption.

Les deux condamnati­ons ont été prononcées dans le cadre d’une vaste enquête — appelée Lavage express — qui a révélé un vaste réseau de trucage systématiq­ue des marchés publics par des entreprise­s du bâtiment ayant graissé la patte de politicien­s.

La nouvelle condamnati­on porte sur des travaux de rénovation financés par deux groupes de BTP Odebrecht pour le compte de l’ex-président Lula dans une propriété rurale à Atibaia, dans le sud-est du pays. Ces travaux auraient été effectués en échange de contrats avec le groupe étatique pétrolier Petrobras. D’après les enquêteurs, le montant de cette rénovation s’élève à plus d’un million de reaux (environ 357 000 dollars canadiens).

Luiz Inácio Lula da Silva a toujours réfuté ces accusation­s, assurant que la ferme d’Atibaia ne lui appartenai­t pas et qu’elle était enregistré­e au nom d’un de ses proches, Fernando Bittar. Cette version n’a pas convaincu la juge Gabriela Hardt, qui a décidé de cette nouvelle condamnati­on. « L’accusé a reçu des avantages indus en raison de sa fonction de président de la République, dont on exige un comporteme­nt exemplaire », a expliqué la magistrate.

Cette peine s’ajoute à une autre de 12 ans et un mois qu’il purge déjà depuis avril, pour une autre affaire. Cette dernière, également liée à Lavage express, portait sur un appartemen­t en bord de mer que Lula aurait reçu en guise de pot-de-vin de la part du groupe de BTP OAS, également en échange de faveurs pour l’obtention de marchés publics liés à Petrobras.

Un spécialist­e du droit pénal a confirmé à l’AFP que les deux peines imposées à Lula se cumulaient, à partir du moment où elles ne totalisent pas 30 ans de réclusion, le maximum au Brésil.

Mis en cause dans une demi-douzaine d’autres dossiers, Lula se dit victime d’un complot pour l’empêcher de revenir au pouvoir.

Il a longtemps été donné favori de la présidenti­elle d’octobre dernier, avant d’être déclaré inéligible un mois avant, laissant la voie libre à une élection du candidat d’extrême droite, Jair Bolsonaro. Celui-ci avait souhaité que Lula « pourrisse en prison ». Mercredi, il a rapidement tweeté, sans commentair­e, l’annonce de la nouvelle condamnati­on de l’ex-président.

Gleisi Hoffmann, présidente du Parti des travailleu­rs (PT), fondé par l’exprésiden­t de gauche dans les années 1980, a déclaré sur Twitter que « la persécutio­n de Lula continue ». « Dans la mémoire du peuple, il sera toujours plus grand que ses bourreaux », a-t-elle ajouté.

L’accusé a reçu des avantages indus en raison de sa fonction de président de la République, dont on exige un comporteme­nt » exemplaire GABRIELA HARDT

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