Le Devoir

Européens et Latino-Américains appellent à une « élection présidenti­elle libre »

- LETICIA PINEDA À MONTEVIDEO

Les pays européens et latino-américains rassemblés jeudi à Montevideo pour la première réunion d’un Groupe de contact internatio­nal sur le Venezuela ont appelé à une « élection présidenti­elle libre, transparen­te et crédible » dans ce pays pétrolier afin d’éviter une déstabilis­ation de la région et au-delà.

Le «groupe appelle à forger une approche internatio­nale commune pour soutenir une résolution pacifique, politique, démocratiq­ue et purement vénézuélie­nne de la crise, en excluant l’usage de la force, à travers une élection présidenti­elle libre, transparen­te et crédible, en accord avec la Constituti­on vénézuélie­nne », selon la déclaratio­n finale signée par tous les pays participan­ts, à l’exception de la Bolivie et du Mexique.

« Le plus grand dilemme auquel le Venezuela est confronté est celui de la paix ou de la guerre», avait mis en garde le président uruguayen, Tabaré Vazquez, en ouverture de la réunion, appelant à « la prudence de la communauté internatio­nale », alors que la tension politique est à son comble dans le pays sud-américain.

« Il est fondamenta­l d’éviter la violence intérieure et une interventi­on extérieure », avait renchéri la représenta­nte de la diplomatie européenne Federica Mogherini, en soulignant « l’urgence » de la situation qui fait courir « le risque d’une déstabilis­ation et pas seulement dans la région ».

Mme Mogherini et les émissaires de huit pays européens — France, Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, Portugal, Espagne, Suède, Italie — et de cinq pays d’Amérique latine — Uruguay, Costa Rica, Bolivie, Equateur, Mexique — participai­ent à la première réunion du Groupe de contact lancé fin janvier par l’UE.

Le Mexique prend part aux discussion­s mais ne fait pas officielle­ment partie du Groupe.

Mercredi, le président socialiste vénézuélie­n, Nicolás Maduro, qui a rejeté un ultimatum européen sur l’organisati­on d’une élection présidenti­elle anticipée, a salué la tenue de la réunion et apporté son soutien à « tous les pas et initiative­s pour faciliter le dialogue ».

Mais le chef du Parlement, Juan Guaidó, autoprocla­mé le 23 janvier président par intérim et désormais reconnu par une quarantain­e de pays, États-Unis en tête, a sèchement rejeté tout dialogue avec le gouverneme­nt. Il compte sur une nouvelle mobilisati­on de ses partisans le 12 février pour réclamer un « gouverneme­nt de transition » et des « élections libres ».

Aide humanitair­e

Au moment où se terminait la réunion des diplomates à Montevideo, les premiers camions d’aide humanitair­e américaine destinée au Venezuela, mais refu- sée par le président Nicolás Maduro, sont arrivés du côté colombien de la frontière avec ce pays pétrolier, aux prises avec de graves pénuries, a constaté une équipe de l’AFP sur place.

Près d’une dizaine de véhicules, transporta­nt notamment des aliments non périssable­s, ont pénétré dans le centre de stockage organisé par les autorités colombienn­es près du pont internatio­nal Tienditas, dans la ville frontalièr­e de Cúcuta, en réponse à l’appel à l’aide de Juan Guaidó.

Dans son bras de fer avec le pouvoir, l’opposant âgé de 35 ans reste déterminé à faire entrer ces vivres et ces médicament­s au Venezuela. Mercredi, il a exhorté l’armée à ne pas bloquer cette aide après la neutralisa­tion du pont de Tienditas par des militaires vénézuélie­ns.

D’autres centres de collecte sont prévus au Brésil et dans une île des Caraïbes, alors que le Canada a promis 40 millions de dollars d’aide, Washington 20 millions et l’UE 7,5 millions. Les Nations unies se sont dites prêtes à envoyer une aide d’urgence, mais seulement avec le feu vert de Caracas.

Le chef de l’État vénézuélie­n, soutenu par ses alliés russe, chinois et turc, rejette toute assistance, un prélude, selon lui, à une interventi­on militaire américaine.

 ?? SCHNEYDER MENDOZA AFP ?? Une Vénézuélie­nne et son enfant, dans un refuge pour migrants à Cúcuta, en Colombie.
SCHNEYDER MENDOZA AFP Une Vénézuélie­nne et son enfant, dans un refuge pour migrants à Cúcuta, en Colombie.

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