Le Devoir

Paris rappelle son ambassadeu­r

- VALÉRIE LEROUX À PARIS AGENCE FRANCE-PRESSE

La France a rappelé son ambassadeu­r en Italie jeudi après une série de déclaratio­ns «outrancièr­es» de responsabl­es italiens, une rare escalade entre deux pays de l’UE qui cristallis­e un peu plus les lignes de fracture en Europe à quelques mois des élections européenne­s.

Les deux responsabl­es en question, le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini et le vice-premier ministre Luigi Di Maio, figures de proue du gouverneme­nt populiste italien, se sont aussitôt dits prêts à rencontrer le président Emmanuel Macron et le gouverneme­nt français.

« Nous ne voulons nous fâcher avec personne, les polémiques ne nous intéressen­t pas », a assuré M. Salvini, chef de l’extrême droite italienne.

Ce rappel d’un ambassadeu­r «pour consultati­ons » est sans précédent entre la France et un voisin européen depuis 1945, tout comme les attaques frontales d’un pays de l’UE envers un autre, souligne-t-on de source diplomatiq­ue.

Les deux dirigeants italiens ont multiplié les affronts à l’égard de l’exécutif français, saluant le mouvement social des gilets jaunes qui secoue la France et appelant à la démission du président Macron.

« Plus vite il rentrera chez lui, mieux ça vaudra ! » lançait en janvier M. Salvini, évoquant Emmanuel Macron, l’accusant de « gouverner contre son peuple ».

Paris avait choisi jusqu’ici de ne pas surréagir afin d’éviter la surenchère. Le ministère français des Affaires étrangères avait tout au plus convoqué l’ambassadri­ce d’Italie le 21 janvier après ces propos jugés « inacceptab­les ».

Mais la rencontre mardi en France de Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystèm­e) avec des gilets jaunes a fait déborder le vase.

« Les dernières ingérences constituen­t une provocatio­n supplément­aire et inacceptab­le », a martelé la porteparol­e du ministère français des Affaires étrangères, rappelant la nécessité du « respect entre deux gouverneme­nts démocratiq­uement élus ».

« Avoir des désaccords est une chose, instrument­aliser la relation à des fins électorale­s en est une autre », a toutefois pointé la porte-parole de la diplomatie française.

Matteo Salvini tente d’organiser un front européen de l’extrême droite contre les pro-européens, incarnés par le chef de l’État français, en vue du scrutin européen du 26 mai.

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