Rencontres « musclées » à Bruxelles
Aucune avancée n’a été notée sur la question du filet de sécurité
Bruxelles et Londres, toujours bloqués sur la question du filet de sécurité irlandais pour le Brexit, ont convenu jeudi d’avoir de nouvelles « discussions » pour sortir de l’impasse à l’issue de conversations «musclées mais constructives» entre Theresa May et les dirigeants de l’Union européenne.
La première poignée de main de la journée, avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, avait été polie, sans un mot. À l’issue d’une série de réunions avec les hauts responsables de l’UE, Theresa May a qualifié ses discussions de « musclées mais constructives ». Et assuré qu’elle ferait en sorte que le Brexit intervienne « dans les temps ». Le départ du Royaume-Uni est programmé dans cinquante jours, le 29 mars.
« Ça ne va pas être facile, mais, c’est essentiel, le président Juncker et moimême avons convenu que des discussions allaient commencer pour trouver une façon d’y parvenir», a déclaré Mme May après son dernier rendezvous de la journée, avec le président du Conseil européen, Donald Tusk.
Ce dernier a sèchement résumé la rencontre sur Twitter : « Toujours pas de percée en vue. Les discussions se poursuivent. »
Mme May « n’a présenté aucune nouvelle proposition concrète pour sortir de l’impasse », a commenté un responsable européen, sous le couvert de l’anonymat. « Tusk a suggéré que le plan de [Jeremy] Corbyn [le chef du Parti travailliste britannique] pourrait être une issue », a-t-il ajouté. Ce plan prévoit notamment de maintenir le Royaume-Uni dans une union douanière permanente avec l’UE.
Selon la déclaration commune de Theresa May et Jean-Claude Juncker, les discussions à venir doivent permettre de voir s’il est possible de trouver une solution qui recueillerait à la fois une majorité suffisante au Parlement britannique et qui « respecterait » les orientations fixées par les 27 partenaires du Royaume-Uni au sein de l’UE.
Pas négociable
De son propre aveu, la tâche de Mme May s’annonçait difficile jeudi, tant les Européens ont averti à de multiples reprises que l’accord de retrait, que les députés britanniques ont refusé de ratifier, n’était pas renégociable. Si les deux parties continuent d’affirmer vouloir éviter le scénario redouté d’un Brexit sans accord, elles ont cependant campé sur leurs positions.
Theresa May a répété jeudi qu’elle voulait des « modifications légalement contraignantes » de cet accord, afin de répondre aux « inquiétudes du Parlement » britannique sur le filet de sécurité irlandais.
Ce à quoi Jean-Claude Juncker a répondu, une nouvelle fois, que « les 27 ne rouvriront pas l’accord, qui est un compromis soigneusement équilibré entre l’UE et le Royaume-Uni, dans lequel les deux parties ont fourni des concessions importantes ».
Seul point sur lequel les Européens sont prêts à des modifications : la déclaration politique qui accompagne l’accord de retrait dans laquelle il est possible d’être « plus ambitieux en matière de contenu et de rapidité en ce qui concerne la relation future » entre Bruxelles et Londres, selon le communiqué commun.
Les 27 ne rouvriront pas l’accord, qui est un compromis soigneusement équilibré entre l’UE et le RoyaumeUni, dans lequel les deux parties ont fourni des concessions » importantes JEAN-CLAUDE JUNCKER
Piégé
La première ministre Theresa May veut s’assurer que son pays ne sera pas « piégé » dans le « filet de sécurité », a souligné Downing Street.
Cette disposition a été introduite dans l’accord de retrait comme une solution de dernier recours destinée à empêcher le retour à une frontière physique sur l’île d’Irlande pour préserver les accords de paix de 1998.
Mais cette disposition cristallise le mécontentement des députés britanniques, qui craignent qu’elle ne lie indéfiniment leur pays à l’UE et menace l’intégrité du Royaume-Uni en raison du traitement spécial réservé à l’Irlande du Nord.