Le Devoir

« Bro, not cool »

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De loin, je regarde les impacts de la publicité Gillette contre la masculinit­é toxique.

De loin, j’entends votre colère à vous, les hommes bons, les hommes qui respectent les femmes, les hommes qui ne violent pas, les hommes qui n’ont pas une once de haine envers le sexe opposé.

De loin, votre réaction me montre que la lutte féministe est loin d’être terminée au Québec et que vous faites partie du problème. Oui, vous, les hommes « bons ».

La publicité de Gillette dénonce la masculinit­é toxique, pas les hommes. Elle dénonce les excuses que notre société invente et qui normalisen­t la violence genrée, pas les hommes. Elle vous invite à vouloir plus pour vous-mêmes et pour notre société. Et vous, ce que vous répondez à ce message positif, c’est « mais oui, mais moi non »…

Chers hommes « bons », chères victimes autodéclar­ées, vous avez encore une fois réussi à vous approprier un débat important pour la lutte pour l’égalité, vous l’avez encore une fois détourné pour parler de vous-mêmes.

Votre réaction me laisse un goût amer et me fait me questionne­r, chers hommes « bons ». Je me demande pourquoi vous ne vous êtes pas plutôt identifié aux portraits d’hommes « bons » présentés dans cette publicité. Pourquoi n’avez-vous pas fait comme certains de vos compatriot­es qui ont applaudi le message positif que l’on souhaitait promulguer ? Pourquoi ne vous êtes-vous pas arrêtés pour vous questionne­r sur votre réaction et vous dire à vousmême : « Bro, not cool. Not cool. » Mathilde Lafortune Le 5 février 2019

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