TDAH : pour un traitement personnalisé adapté aux besoins
Dans une lettre parue la semaine dernière, 45 pédiatres attirent l’attention sur la surmédication des enfants qui présentent un trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).
Le TDAH s’avère en effet l’un des troubles de santé mentale les plus communement diagnostiqués durant l’enfance et pour lequel la médication constitue malheureusement trop souvent le seul traitement mis en place. Selon le Comité québécois pour les jeunes en difficulté de comportement (CQJDC), cette situation peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Un des plus importants se rapporte au manque flagrant de ressources dans les écoles et dans les services sociaux. Mais au-delà de la disponibilité des ressources, le CQJDC invite à une réflexion plus large sur la priorité donnée aux besoins de tout ordre des jeunes dans l’organisation de la vie de l’école.
Nous croyons que l’école a un rôle prépondérant à jouer au regard des besoins des jeunes pour trouver la meilleure façon de les aider. Pour ce faire, l’école et ses différents acteurs doivent adopter une structure flexible et des stratégies éducatives soutenues par les connaissances issues de la recherche.
Les recherches montrent que lorsqu’un enfant présente un TDAH, toute démarche de traitement doit être envisagée dans une perspective multimodale et non seulement par la prescription d’une médication. Ainsi, lorsqu’un jeune obtient un diagnostic de TDAH, des interventions éducatives et psychosociales adaptées à ses besoins précis doivent absolument faire partie de la démarche d’intervention. C’est par ailleurs ce que prescrivent la Canadian ADHD Resource Alliance (CADDRA, 2011 ; 2018) et l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESS, 2018). Ainsi, le CQJDC est d’avis que les interventions éducatives et psychosociales doivent être mises au premier plan et doivent être préalables à l’intervention médicale. Aussi, elles devraient toujours accompagner l’usage d’une médication lorsque celle-ci est jugée nécessaire.
Manque de ressources
Nous constatons que les interventions éducatives et psychosociales sont souvent escamotées, non pas en raison d’un manque de volonté du personnel scolaire et psychosocial. En effet, le manque criant de ressources financières et humaines dans les réseaux scolaires et de la santé et des services sociaux, ainsi que leur organisation déficiente apparaissent comme les principales causes de cette situation.
Le CQJDC demande à ce qu’une réflexion importante soit entreprise quant à l’organisation des services de soutien à l’école et à ses impacts sur la santé physique et affective des jeunes. Le CQJDC réclame aussi que les ressources promises par le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur soient rapidement disponibles afin de faire en sorte que chaque jeune présentant un TDAH ou toute autre difficulté puisse bénéficier d’un traitement personnalisé et adapté à ses propres besoins. Nous voulons en outre rappeler l’importance d’outiller les agents d’éducation à cette fin en bonifiant les programmes de formation initiale et continue.
*Ce texte est signé par plus d’une vingtaine de spécialistes en psychoéducation, en sciences de l’éducation, en psychologie, dont on trouvera la liste sur nos plateformes numériques.