La grande noirceur
★★★★
Après avoir fui la conscription, un Québécois errant, imitateur de Chaplin de son métier, vit des pérégrinations calamiteuses dans l’Ouest américain. Le passé indéterminé campe d’office l’action en contrées où le surréalisme couve sous l’apparente familiarité. On est à la lisière du fantastique. Jumelé à un habillage sonore entêtant, le récit minimaliste favorise un état de transe. Transcendant un budget malingre, le cinéaste Maxime Giroux crée un éblouissant album en mouvement où chaque plan se révèle plus envoûtant que le précédent. Une facture exquise tenant lieu d’écrin tellement séduisant qu’on est saisi, effet de contraste, par la laideur humaine qui grouille en son sein : celle à laquelle est confronté le héros (un Martin Dubreuil touchant d’intériorité). C’est effrayant, drôle parfois, unique en somme, et à voir sur grand écran.