Souvenirs monochromes
On l’a connue d’abord comme actrice, puis comme romancière. Dans son nouveau récit Les photos d’Anny, la principale intéressée dévoile une nouvelle facette de sa personne: Anny la photographe, qui se montre plutôt talentueuse — mais surtout infiniment intime.
Anny Duperey retrace donc son histoire d’amour avec la photographie en mots et en images. D’abord, elle nous raconte les débuts d’un parcours incertain, la rencontre surprise qui mène à l’achat de son premier — et jusqu’à ce jour son seul — appareil et l’incertitude avec laquelle elle se lance dans ce nouveau loisir, tout à fait étranger.
Puis, plus on avance, plus l’émotion prend le dessus sur les faits. On ne nous décrit plus seulement comment se fait le tirage photographique, étape par étape, dans le laboratoire que la comédienne bricole dans sa salle de bains. À travers les chapitres, les mots se font de moins en moins techniques pour devenir beaucoup plus évocateurs.
On nous dévoile des rencontres. Des moments brefs, mais percutants. Des portraits, des natures mortes. Les clichés, intercalés soigneusement à travers les pages, seraient presque anodins s’il n’y avait pas ces souvenirs écrits enchanteurs qui les accompagnent.
Fille de deux photographes, et orpheline dès ses huit ans à la suite d’un accident où elle retrouve ses parents asphyxiés, Anny Duperey avait déjà raconté son deuil douloureux dans son autobiographie, Le voile noir. Toutefois, il lui est impossible de ne pas en faire mention dans ce récit, revisitant encore une fois les photos de son père, les comparant avec les siennes, dans un court chapitre presque poétique.
Les photos d’Anny, avec ses images argentiques monochromes et son écriture toute simple et intime, s’avère une lecture, peut-être pas remarquable ni exceptionnelle, mais certainement mémorable et, assurément, touchante.