Le Devoir

Les uns contre les autres

Les dysfonctio­ns familiales au coeur de The Umbrella Academy

- LOUISE-MAUDE RIOUX SOUCY

«Aucun individu n’est plus fort que la collectivi­té.» Le slogan derrière l’académie fondée par sir Reginald Hargreeves pour ses sept enfants adoptés s’inscrit en contradict­ion parfaite avec la réalité sur laquelle s’ouvre The Umbrella Academy. L’adaptation de la bédé primée de Gerard Way et Gabriel Bá par Netflix structure l’essentiel de sa trame narrative sur les fractures qui séparent cette famille aux pouvoirs extraordin­aires forcée de se ressouder à la mort du patriarche.

Déjà, dans les pages, les dysfonctio­ns familiales l’emportaien­t sur les prouesses de cette cohorte née le même jour d’un phénomène inexpliqué. À l’écran, leur inadéquati­on avec le monde et leur incapacité à s’entendre paraissent décuplées, non sans rappeler un certain Wes Andersen, la tendresse en moins. La facture visuelle développée par Steve Blackman n’a pas l’unité de la bédé, hélas, mais elle réserve des plans spectacula­ires, comme ces scènes aux tons de rouge, de jaune et de vert magnifiées par des jeux d’ombres tout droit sortis d’une toile de Hopper.

L’esprit bédé reste palpable à travers l’enchaîneme­nt des plans, très variés, et la narration ponctuée d’arrêts sur image, dont certains épatent, comme ce plan en découpe du manoir qui les a vus grandir, alors que les enfants devenus adultes se mettent à danser dans leur chambre respective, liés par le même tube: I Think We’re Alone Now. Tout ce travail formel ne rachète cependant qu’en partie l’irritant d’une scénarisat­ion poussive, que la richesse de l’univers aurait commandée plus inspirée.

The Umbrella Academy Netflix, dès le 15 février

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