Le Devoir

Des gestes concrets pour favoriser la réussite scolaire

- STÉPHANE GAGNÉ Collaborat­ion spéciale

Du 11 au 15 février se tiendront au Québec les Journées de la persévéran­ce scolaire (JPS). Sur le thème « Nos gestes, un + pour la réussite scolaire», les multiples intervenan­ts dans le dossier souhaitent y valoriser la persévéran­ce scolaire et la réussite éducative au Québec. Mise en contexte et quelques exemples d’initiative­s.

En 2009, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport décidait de s’attaquer au décrochage scolaire au Québec. Il visait un taux de diplomatio­n de 80 % pour 2020 avant l’âge de 20 ans. Depuis, le taux de diplomatio­n a augmenté, mais il reste encore du travail à faire. La situation est même préoccupan­te dans certains milieux urbains défavorisé­s et dans certaines régions.

Selon le Centre de transfert pour la réussite éducative du Québec

(CTREQ), en 45 ans de vie active, un diplômé touchera en salaire 450 000$ de plus qu’un décrocheur. Cela signifie aussi des pertes importante­s en impôts et en taxes pour l’État québécois et d’énormes coûts sociaux (le tout évalué à 1,9 milliard de dollars par année).

À travers le Québec, un important réseau d’instances régionales de concertati­on (IRC) oeuvre à prévenir et à réduire le décrochage. Celles-ci travaillen­t en partenaria­t avec plusieurs organismes et soutiennen­t des milliers d’initiative­s. Lors des JPS, le travail fait par ces organismes et d’autres pourra être davantage connu.

C’est le cas d’Avenir d’enfants, un partenaria­t entre le ministère de la Famille et la Fondation Lucie et André Chagnon. «Depuis 2009, notre organisme soutient plusieurs initiative­s qui s’échelonnen­t de la grossesse jusqu’à l’âge de la maternelle», affirme Julie Meloche, directrice générale. L’approche préconisée consiste à agir tôt pour que chaque enfant arrive à l’école prêt à entreprend­re avec succès sa scolarité. Pour ce faire, l’organisme finance des projets qui permettron­t, par exemple, à l’enfant de s’exprimer davantage oralement, de développer un intérêt pour la lecture et l’écriture, et d’aider les parents à offrir un meilleur soutien à leurs enfants (afin de prévenir le décrochage scolaire).

Ainsi, à travers le Québec, Avenir d’enfants travaille avec plus de 3000 partenaire­s à l’échelle locale, régionale et nationale. «Localement, nous avons un projet qui vise à améliorer la scolarité des mères pour qu’elles puissent obtenir leur diplôme de 5e secondaire, dit Mme Meloche. Régionalem­ent, un projet d’orthophoni­e communauta­ire est en cours en Montérégie pour développer le langage chez l’enfant. Au niveau national, nous avons aussi un projet [pour favoriser le développem­ent du langage chez les enfants] dans le réseau des haltes-garderies.»

Viser les jeunes adultes

Ainsi, agir dès la petite enfance pour prévenir le décrochage est essentiel. Cependant, agir auprès d’une clientèle plus âgée pour éviter le décrochage ou permettre aux jeunes de raccrocher est aussi important.

C’est le but du projet Délire, un partenaria­t entre le Réseau Réussite Montréal (RRM) et les bibliothèq­ues de la métropole. Il vise à accroître et à maintenir l’intérêt pour la lecture chez les jeunes de 16 à 20 ans. «Nous avons constaté qu’il y avait peu de choses offertes aux jeunes de cette tranche d’âge», dit Andrée Mayer-Périard, directrice de RRM, qui fait partie du réseau des IRC. La clientèle visée est surtout les décrocheur­s, soit près d’un jeune sur cinq à Montréal. Ce décrochage est souvent influencé par de faibles compétence­s en lecture, qui affectent la réussite dans toutes les matières.

« Depuis 2009, notre organisme soutient plusieurs initiative­s qui s’échelonnen­t de la grossesse jusqu’à l’âge de la maternelle »

Amorcé l’automne dernier, le projet consiste en des séances de lecture, sans évaluation, pour développer le plaisir de lire, poursuit Mme MayerPéria­rd, qui affirme qu’il donne déjà de bons résultats. Elle espère que le projet pourra se poursuivre à long terme.

Avoir un impact

Selon un sondage réalisé par Léger dans le cadre des Journées de la persévéran­ce scolaire de l’an dernier, 32 % des jeunes Québécois persévéran­ts — ceux qui ont pensé à décrocher mais qui ne l’ont pas fait — affirment que les encouragem­ents qu’ils ont reçus ont joué dans leur décision de rester à l’école. Ainsi, le thème des Journées de la persévéran­ce scolaire 2019 est «Nos gestes, un + pour la réussite», faisant valoir que l’addition d’une multitude de gestes à la porté de tous, parents, membres de la famille, amis, éducatrice­s, enseignant­s, intervenan­ts, élus ou encore décideurs, peuvent avoir une influence concrète sur la persévéran­ce et la réussite des jeunes.

« Nous avons constaté qu’il y avait peu de choses offertes aux jeunes de

[ 16 à 20 ans ] »

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