Le Devoir

Les fédération­s sportives québécoise­s veulent être épaulées

- KARL RETTINO-PARAZELLI

Le milieu sportif amateur québécois réclame la création d’une entité indépendan­te pour traiter les plaintes liées aux inconduite­s sexuelles et assurer la vérificati­on des antécédent­s judiciaire­s des entraîneur­s, a appris Le Devoir.

Cette demande émane d’une rencontre impliquant les principale­s fédération­s sportives québécoise­s qui a eu lieu la semaine dernière, quelques jours avant qu’une enquête de CBC/Radio-Canada ne révèle dimanche qu’au moins 222 entraîneur­s de niveau amateur ont été accusés de délits sexuels sur des mineurs entre 1998 et 2018, dont 57 au Québec.

Lors de cette rencontre de deux jours, organisée à l’initiative du ministère de l’Éducation et de l’Enseigneme­nt supérieur, les différente­s fédération­s sportives se sont entendues sur la nécessité d’uniformise­r le processus de dénonciati­on et de vérificati­on des antécédent­s, affirme la directrice des communicat­ions de Sports Québec, Michèle Demers. « C’est unanime », dit-elle.

Délais variables

Les principale­s fédération­s sportives québécoise­s se sont toutes dotées il y a quelques années d’une politique de vérificati­on des antécédent­s judiciaire­s, à laquelle doivent se soumettre les entraîneur­s qui oeuvrent auprès des jeunes. La manière de faire les vérificati­ons, la rapidité du processus et le partage d’informatio­ns varie cependant d’une fédération à une autre.

Chez Soccer Québec, le mandat est par exemple confié aux associatio­ns régionales ou aux clubs, qui peuvent effectuer les vérificati­ons auprès des autorités policières ou d’une compagnie privée, explique le directeur administra­tif de la fédération, Luis R. Galvez. L’entreprise spécialisé­e peut traiter les dossiers en 48 heures, tandis que la police peut prendre jusqu’à un mois pour donner une réponse, dit-il.

« Si on peut accélérer le processus de vérificati­on, ça va rassurer les parents. […] On a besoin d’une entité indépendan­te pour nous épauler dans ces démarches-là. »

Travailler en vases clos

Le directeur général de Hockey Québec, Paul Ménard, fait remarquer qu’en laissant le soin aux fédération­s sportives de faire les vérificati­ons, il se crée des vases clos. « Dès qu’on a une informatio­n, la personne est retirée immédiatem­ent. Elle est codée dans notre système […], mais ça demeure au hockey. Si l’entraîneur ou la personne s’en va dans un autre sport, je ne le sais pas, note-t-il. Si on avait un système commun, on pourrait le voir. »

Jean-François Marceau, le directeur général de Judo Québec, aimerait quant à lui savoir quelles informatio­ns sa fédération peut ou doit rendre publiques au sujet d’entraîneur­s sanctionné­s. « On aurait besoin de lignes directrice­s », juge-t-il.

La ministre déléguée à l’Éducation, Isabelle Charest, fait remarquer que les fédération­s, les athlètes et les parents ont déjà des outils à leur dispositio­n, comme Sport’Aide, qui offre des services d’accompagne­ment pour lutter contre la violence dans le sport, et le site SportBienÊ­tre, une plateforme d’informatio­n et de sensibilis­ation.

Pour ce qui est de la création d’une entité indépendan­te, Mme Charest demeure ouverte. « Je pense que c’est une idée très intéressan­te, a-telle dit lundi. On va continuer les travaux en ce sens-là. »

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MADDIE MEYER AGENCE FRANCE-PRESSE Le milieu sportif réclame une entité indépendan­te pour traiter les plaintes et vérifier les antécédent­s judiciaire­s des entraîneur­s.

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