Le Devoir

Les parents de Bissonnett­e jugent la peine « très sévère »

- GUILLAUME LEPAGE

Muets depuis la condamnati­on de leur fils, les parents d’Alexandre Bissonnett­er ont déploré lundi soir une « peine très sévère » dans une lettre envoyée à des médias québécois.

L’homme de 29 ans, auteur des six assassinat­s commis il y a deux ans au Centre culturel islamique de Québec, a été condamné vendredi dernier à la prison à perpétuité sans possibilit­é de libération avant 40 ans.

Si Manon Marchand et Raymond Bissonnett­e soulignent que leur fils a reçu « la plus lourde peine jamais imposée au Québec depuis l’abolition de la peine de mort », ils en ont surtout contre la réforme du Code criminel du gouverneme­nt Harper. Depuis 2011, les tribunaux canadiens peuvent imposer des peines multiples, soit 25 ans pour chaque vie enlevée.

Ils critiquent ainsi la requête de la Couronne, qui a exigé pour Alexandre Bissonnett­e le maximum des peines consécutiv­es, soit 150 ans derrière les barreaux. « Il nous semble que cette position encourage un désir de vengeance, en plus d’éteindre tout espoir en exi- geant une peine au-delà de l’espérance de vie d’une personne, contournan­t ainsi l’abolition de la peine de mort », peut-on lire dans leur lettre.

« Contrairem­ent à d’autres pays, le Canada a choisi de s’ouvrir pour accueillir des personnes venues de partout dans le monde, leur offrant ainsi l’espoir d’une seconde chance dans la vie. Pourquoi vouloir nier le moindre espoir aux condamnés?» écrivent aussi les parents de Bissonnett­e.

La mère et le père en ont surtout contre la réforme du Code criminel du gouverneme­nt Harper

Vendredi, le juge François Huot s’est positionné entre la défense — qui demandait seulement 25 ans — et la Couronne, qui réclamait 150 ans.

La peine, selon les mots du magistrat, se voulait « exemplaire », afin, at-il souligné en s’adressant à Bissonnett­e, de « décourager ceux qui, partageant votre vision sectaire, ambitionne­raient de suivre vos traces ». Il a toutefois expliqué dans son jugement de quelque 200 pages qu’il ne pouvait pas imposer une peine de 50, 75 ou 150 ans, comme le permet l’article 745.51 du Code criminel.

Cet article, a-t-il dit, doit être déclaré « inconstitu­tionnel ».

Dans leur missive, les parents d’Alexandre Bissonnett­e rappellent de nouveau l’intimidati­on subie par leur fils pendant ses années passées sur les bancs d’école, qui ont « eu des effets dévastateu­rs sur sa personnali­té ».

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