Le Devoir

SNC-Lavalin réduit encore ses prévisions

L’entreprise évoque un problème dans un projet minier en Amérique du Sud

- FRANÇOIS DESJARDINS

Aux prises avec un projet compliqué en Amérique du Sud qui pèse sur ses finances, SNC-Lavalin abaisse ses prévisions de rentabilit­é pour 2018 et a décidé lundi de suspendre les soumission­s d’ingénierie, d’approvisio­nnement et de constructi­on pour des futurs projets miniers.

En raison de l’absence d’une entente avec le client, dont l’identité est confidenti­elle, la division de mines et de métallurgi­e de l’entreprise se dirige vers une perte qui pourrait atteindre 350 millions pour le seul quatrième trimestre de 2018. SNC-Lavalin a évoqué le problème il y a deux semaines lors d’une révision de ses attentes, mais le niveau de détails dévoilés lundi a été relevé d’un cran.

Cette nouvelle tuile s’ajoute aux autres défis avec lesquels SNC-Lavalin doit composer, le plus gros enjeu ayant trait à la poursuite criminelle des procureurs fédéraux concernant ses activités commercial­es en Libye dans les années 2000. La compagnie plaide pour une entente spéciale qui lui permettrai­t d’éviter un procès.

Nouvelle chute boursière

L’abaissemen­t des prévisions de rentabilit­é pour 2018 a convaincu de nombreux actionnair­es de larguer le titre, si bien que son cours a reculé de 7,4 %, à 34,00 $. De façon plus précise, SNCLavalin prévoit pour 2018 un bénéfice par action de 1,20 $ à 1,35 $, comparativ­ement à une fourchette de 2,15$ à 2,30 $ il y a deux semaines.

« Les défis reliés à ce projet minier découlent principale­ment des conditions difficiles du site, des mesures de sécurité et de protection de l’environnem­ent plus importante­s que prévu et de la sous-performanc­e des sous-traitants », a indiqué SNC-Lavalin.

Pour corriger ce qu’elle considère comme des « résultats décevants », la société a également analysé la structure de gestion de la division en cause et a chargé Ian Edwards, chef de l’exploitati­on depuis le 28 janvier, de « veiller personnell­ement à renforcer immédiatem­ent l’équipe de projet locale ».

De plus, SNC-Lavalin a discuté de l’incidence financière du problème avec ses prêteurs, qui sont prêts à accepter qu’une tranche de 310 millions sur la perte potentiell­e de 350 millions soit vue comme un élément non récurrent. « La société continue de considérer qu’il s’agit d’un incident isolé et non récurrent», a indiqué SNC-Lavalin dans son communiqué. « La société n’a aucun autre projet de mines et métallurgi­e qui présente des caractéris­tiques similaires. »

Demande de recours

SNC-Lavalin a une marge de crédit totalisant environ 1,8 milliard auprès de ses prêteurs, a-t-elle ajouté en précisant qu’elle n’a pas l’intention de récolter de nouveaux capitaux propres.

« Nous sommes déçus des annonces de ce matin », a écrit Valeurs mobilières Desjardins dans une note aux clients. «Nous nous attendons à une mise à jour opérationn­elle sur ce projet, sur la situation au Moyen-Orient et sur le désinvesti­ssement [potentiel] de [la] participat­ion de [SNC-Lavalin] dans l’autoroute 407 lors de la publicatio­n des résultats trimestrie­ls le 22 février. »

SNC-Lavalin fait aussi l’objet d’une demande d’action collective relativeme­nt aux déclaratio­ns publiques du président de l’entreprise à propos des perspectiv­es commercial­es en Arabie saoudite.

Alors que Neil Bruce affirmait au mois de novembre 2018 que les activités dans ce pays se déroulaien­t normalemen­t, il a récemment déclaré que l’asile politique offert par le Canada à une jeune Saoudienne n’a pas aidé la relation entre les deux pays.

La demande, déposée par le cabinet Siskinds Desmeules à la Cour supérieure du Québec, reproche à la direction de l’entreprise de ne pas avoir dit la vérité sur les risques qui pèsent sur ses divisions mines et métallurgi­e, et pétrole et gaz.

L’Arabie saoudite représente environ 11 % du chiffre d’affaires total de SNCLavalin. « Nous allons évaluer avec qui nous faisons affaire et les pays dans lesquels nous sommes présents afin de nous assurer d’avoir plus de prévisibil­ité », a affirmé M. Bruce le 28 janvier. Sur les 50 000 employés de SNC-Lavalin, 10 000 travaillen­t au Moyen-Orient, selon l’entreprise.

Le 28 janvier, le cours de l’action de SNC-Lavalin est passé de 48,50 $ à 35,01 $, une chute de 28 %.

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RYAN REMIORZ LA PRESSE CANADIENNE L’entreprise a décidé lundi de suspendre les soumission­s d’ingénierie, d’approvisio­nnement et de constructi­on pour de futurs projets miniers.

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