Le Devoir

Guaidó annonce l’entrée de l’aide le 23 février

Le président par intérim défie Maduro

- MARIA ISABEL SANCHEZ À CARACAS AGENCE FRANCE-PRESSE

L’opposant Juan Guaidó a annoncé mardi que l’aide d’urgence américaine entrerait le 23 février au Venezuela malgré le refus du président Nicolás Maduro, qui la considère comme une première étape avant une interventi­on militaire.

« Le 23 février sera le jour où l’aide humanitair­e entrera au Venezuela », a lancé Juan Guaidó, reconnu président par intérim par une cinquantai­ne de pays, devant une foule de partisans rassemblés dans un quartier à l’est de Caracas.

« L’aide humanitair­e va entrer au Venezuela, c’est sûr! Car l’usurpateur n’aura d’autre choix que de quitter le Venezuela. Ce n’est pas la première fois que le Venezuela va devoir se libérer d’un tyran, espérons que ce soit la dernière », a poursuivi le président du Parlement, contrôlé par l’opposition.

Il a demandé aux quelque 250 000 volontaire­s inscrits pour participer à l’achemineme­nt de l’aide stockée à la frontière de se tenir prêts pour « former des caravanes ». Le 23 février, cela fera un mois que Juan Guaidó s’est autoprocla­mé président par intérim.

Aux cris de « Liberté ! », « Guaidó ! », des dizaines de milliers de manifestan­ts, brandissan­t des drapeaux vénézuélie­ns, se sont rassemblés à la mijournée dans tout le pays pour accroître la pression sur l’armée, soutien déterminan­t du gouverneme­nt, afin qu’elle laisse entrer cette assistance.

Une interventi­on impérialis­te

En réponse à cette troisième journée de mobilisati­on de l’opposition après celles du 23 janvier et du 2 février, des soutiens du gouverneme­nt se sont réunis sur la place Bolivar, dans le centre de Caracas, contre « l’interventi­on impérialis­te » américaine.

Le bras de fer politique entre les deux hommes se concentre depuis plusieurs jours sur l’entrée de plusieurs tonnes de nourriture et de médicament­s venant des États-Unis, déjà stockés dans des entrepôts en Colombie à la frontière avec le Venezuela.

Mais des militaires vénézuélie­ns bloquent le pont Tienditas, qui relie Cúcuta (en Colombie) et Ureña (au Venezuela), dans l’État frontalier de Tachira, où l’armée a renforcé sa présence.

Cette crise survient en pleine débâcle économique du pays, accablé de pénuries de vivres et de médicament­s. Plus de 2,3 millions de Vénézuélie­ns (7 % de la population) ont fui le pays depuis 2015, selon l’ONU.

Cherchant à briser l’unité de l’armée, Juan Guaidó a offert l’amnistie aux militaires qui désavouera­ient le chef de l’État et les a prévenus que bloquer l’aide constituer­ait un « crime contre l’humanité ».

Juan Guaidó a annoncé que le deuxième centre de stockage d’aide dans le nord du Brésil serait opérationn­el mardi.

Marudo en entrevue à la BBC

Nicolás Maduro, qui dément l’existence d’une « urgence humanitair­e », rejette la responsabi­lité des pénuries sur les sanctions américaine­s et une « guerre économique » menée par la droite. « Le Venezuela n’est pas un pays où règne la famine », a-t-il assuré dans un entretien à la BBC diffusé mardi.

Parallèlem­ent, des manoeuvres militaires sont en cours pour faire face à une éventuelle interventi­on des États-Unis, une option régulièrem­ent mise sur la table par les responsabl­es américains.

Alors que Juan Guaidó peut compter sur l’appui des États-Unis et d’une grande majorité des pays d’Amérique latine et d’Europe, Nicolás Maduro a reçu le soutien de ses alliés russe, turc, iranien et chinois.

« Le Venezuela est dans l’oeil du cyclone géopolitiq­ue du monde », a déclaré lundi M. Maduro, qui accuse les États-Unis de vouloir le renverser pour accaparer les plus grandes réserves pétrolière­s du monde.

Le dirigeant socialiste a aussi réclamé le retour de 80 tonnes de réserves d’or de son pays déposées au Royaume-Uni, alors que le Venezuela fait face à de graves problèmes de liquidités.

L’aide humanitair­e va entrer au Venezuela, c’est sûr ! Car l’usurpateur n’aura d’autre choix que de quitter le Venezuela. Ce n’est pas la première fois que le Venezuela va devoir se libérer d’un tyran, espérons » que ce soit la dernière. JUAN GUAIDÓ

 ?? FEREDICO PARRA AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Un partisan de l’opposant Juan Guaidó pendant une manifestat­ion à Caracas, mardi. Des dizaines de milliers de manifestan­ts se sont rassemblés dans tout le pays pour accroître la pression sur l’armée.
FEREDICO PARRA AGENCE FRANCE-PRESSE Un partisan de l’opposant Juan Guaidó pendant une manifestat­ion à Caracas, mardi. Des dizaines de milliers de manifestan­ts se sont rassemblés dans tout le pays pour accroître la pression sur l’armée.

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