Cafouillage et insensibilité
Une semaine après le dépôt du projet de loi no 9, le ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, Simon Jolin-Barrette, talonné par l’opposition, est toujours emmêlé dans des explications dont le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elles sont évolutives. Chez les candidats à l’immigration, même pour ceux qui ne sont pas touchés par l’annulation des 18 000 dossiers en attente, c’est l’angoisse, voire la panique. Les groupes communautaires qui viennent en aide aux immigrants sont submergés d’appels de ressortissants étrangers déjà au Québec qui se demandent ce qui va leur arriver. À l’étranger, des candidats qui attendaient des nouvelles de la demande d’immigration qu’ils ont soumise il y a des mois, voire des années, s’inquiètent à juste titre.
Il faut dire que le MIDI, dont l’insensibilité a rivalisé avec son incurie, n’a guère aidé les choses. Au lendemain du dépôt du projet de loi, le ministère envoyait sèchement une lettre annonçant aux candidats qu’il ne rendait plus de décision dans le cadre du Programme régulier des travailleurs qualifiés. Compte tenu du fait qu’il s’agit d’un projet de loi qui n’est pas encore adopté, « le Ministère n’est pas en mesure de vous fournir plus d’information pour le moment », peut-on lire. « À ce stade-ci, aucune action n’est requise de votre part », poursuit-on, en suggérant tout de même aux candidats de s’inscrire dans le nouveau système de déclaration d’intérêt appelé Arrima.
Comme la lettre, contradictoire, soulevait des questions, le MIDI en fut quitte pour envoyer une deuxième lettre aux candidats. Ainsi, il précisait que les travailleurs étrangers temporaires, dont la délivrance des permis de travail relève du gouvernement fédéral, n’étaient aucunement touchés par le projet de loi no 9 ; ils pouvaient même se prévaloir du Programme de l’expérience québécoise et leurs demandes seraient traitées en priorité dans un délai de 20 jours ouvrables.
Le projet de loi encadrant la réforme du système d’immigration a été présenté dans la précipitation et on n’a guère réfléchi aux conséquences humaines de l’annulation des dossiers. Sur le tard, le ministre a indiqué qu’il avait demandé au MIDI d’appeler chacun des candidats pour leur expliquer ce qu’ils doivent faire dans leur situation particulière. C’est la moindre des choses. Après ce cafouillage, le ministre doit en faire davantage et s’engager à accorder la priorité, dans le nouveau système, aux candidatures valables déjà présentées.