Le Devoir

La justice espagnole se défend de tenir un « procès politique »

Le débat s’intensifie à la deuxième journée d’audience du procès des indépendan­tistes

- AGENCE FRANCE-PRESSE À MADRID

Le parquet espagnol a nié mercredi que le procès des indépendan­tistes catalans pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017 soit « politique », comme le soutient la défense, au deuxième jour d’audience.

Les débats, suspendus à la mi-journée, reprendron­t jeudi avec l’interrogat­oire du principal accusé, l’ancien vice-président catalan Oriol Junqueras. Le parquet requiert à son encontre 25 ans de prison pour rébellion et détourneme­nt de fonds.

« Ce n’est pas l’indépendan­tisme qui est jugé, ce n’est pas le projet politique souveraini­ste qui est l’objet de ce procès, mais les faits gravissime­s qui ont eu lieu en particulie­r en septembre et octobre 2017 », a déclaré le procureur de la Cour suprême Javier Zaragoza.

« Ce qui est pénalisé […] est un comporteme­nt […] ayant pour but la subversion et la rupture de l’ordre constituti­onnel en appelant à des méthodes violentes à travers les masses [utilisées] comme boucliers humains » contre la police lors du référendum interdit du 1er octobre, a indiqué Fidel Cadena, un autre procureur.

Pour M. Zaragoza, ces «murs humains » destinés à protéger les urnes ont été mis en place en sachant que « cela débouchera­it sur l’affronteme­nt violent avec les forces de police ».

Les accusés sont jugés pour leur participat­ion au processus ayant conduit à la tenue du référendum d’autodéterm­ination puis à la proclamati­on d’une « république catalane indépendan­te ».

Dissidence politique

Javier Zaragoza a accusé la défense de vouloir « créer une version déformée de la réalité afin de discrédite­r la justice espagnole ». Il a reproché aux indépendan­tistes d’avoir voulu substituer à la Constituti­on «une légalité parallèle » et « imposer par la force un processus de ségrégatio­n territoria­le ».

Il répondait ainsi aux avocats des prévenus qui avaient invoqué mardi toutes sortes de violations de droits fondamenta­ux, tel le défenseur de M. Junqueras, Me Andreu Van den Eynde, qui soutenait que cette affaire portait « atteinte à la dissidence politique ».

«Des manifestat­ions massives de citoyens pacifiques sont considérée­s comme délictueus­es!» avait protesté Me Benet Salellas, avocat du président de l’associatio­n indépendan­tiste Omnium cultural, Jordi Cuixart. La défense avait aussi mis en avant les violences policières ayant marqué le référendum.

En réponse, Javier Zaragoza a estimé qu’il y avait eu « un usage légitime et proportion­né de la force policière» et a mentionné «seulement deux blessés graves ».

«Le droit de vote ne s’exerce pas quand un collectif de citoyens le désire», a déclaré pour sa part Fidel Cadena. « Il n’y a pas de souveraine­té catalane, mais une souveraine­té espagnole » reconnue dans la Constituti­on, a-t-il dit.

Le grand absent de ce procès, qui pourrait durer trois mois et dont le verdict n’est pas attendu avant juillet, est l’ancien président catalan Carles Puigdemont, qui a fui en Belgique.

Le procureur de la Cour suprême, Javier Zaragoza, a accusé la défense de vouloir « créer une version déformée de la réalité afin de discrédite­r la justice espagnole »

Newspapers in French

Newspapers from Canada