SNC-Lavalin décotée par Standard & Poor’s
Le deuxième abaissement des prévisions financières de SNC-Lavalin, en début de semaine, a convaincu Standard & Poor’s de réduire d’un cran la cote de crédit de la firme d’ingénierie, qui vit des complications importantes dans un projet minier en Amérique du Sud.
En plus de se trouver au coeur du scandale politique de l’heure à Ottawa, SNC-Lavalin a annoncé lundi que les problèmes vécus avec son client — non identifié — pourraient mener à une perte de 350 millions dans sa division de mines et de métallurgie pour le seul quatrième trimestre de 2018.
La compagnie montréalaise, qui compte 8700 employés au Canada et 50 000 dans le monde, a donc réduit ses attentes de rentabilité pour l’année 2018 dans son ensemble, déclenchant du coup un recul de plus de 7 % du cours de son action. SNC-Lavalin a également avancé des prévisions préliminaires pour 2019.
«La décote reflète principalement nos attentes selon lesquelles les bénéfices et le flux de trésorerie de SNC-Lavalin seront plus faibles que ses propres prévisions au cours des deux prochaines années», a écrit l’agence de notation mardi soir. Le flux de trésorerie désigne la quantité d’argent qui entre dans les coffres d’une entreprise comparativement à ce qui sort.
SNC-Lavalin a également précisé lundi qu’elle a discuté avec ses prêteurs, mais que sa marge de crédit totale se chiffre à 1,8 milliard et qu’elle n’a pas besoin de recourir à de nouveaux capitaux propres.
S & P a fait passer la cote de SNC-Lavalin de BBB à BBB-, ce qui classe toujours la compagnie dans les titres dits « investissables ».
Différents enjeux
Dans sa note aux clients, S & P évoque également le risque d’un «ralentissement potentiel de l’économie mondiale » compte tenu du fait que « nous nous trouvons dans la deuxième moitié du cycle de crédit ». De plus, le projet minier problématique remet en question « les processus de gestion du risque » et pourrait entraîner des coûts de restructuration supérieurs aux attentes, a estimé l’agence de notation. Les tensions entre le Canada et l’Arabie saoudite, qui représente 11 % du chiffre d’affaires de la compagnie, sont un autre facteur.
Quant au spectre d’un procès crimi-
La cote de SNC-Lavalin est passée de BBB à BBB-, ce qui classe toujours la compagnie dans les titres dits « investissables »
nel lié aux accusations pour corruption et fraude concernant ses activités passées en Libye, S&P se montre prudente. « À notre avis, un dénouement négatif affaiblirait sa position au Canada, qui représente une part significative de ses activités et ses bénéfices. Cependant, nous ne pouvons chiffrer la probabilité d’un dénouement et considérons ceci comme un risque se situant au-delà de notre horizon d’analyse. »
À la Bourse de Toronto, le cours de l’action de SNC-Lavalin a perdu mercredi 0,8 %, à 34,02 $. En raison notamment des baisses importantes observées lorsque les procureurs fédéraux ont refusé en octobre 2018 la négociation d’un accord de poursuite suspendue et lorsque la compagnie a révisé ses attentes lundi, l’action accuse un recul de 35 % par rapport à l’an dernier.