Le Devoir

SNC-Lavalin décotée par Standard & Poor’s

- FRANÇOIS DESJARDINS

Le deuxième abaissemen­t des prévisions financière­s de SNC-Lavalin, en début de semaine, a convaincu Standard & Poor’s de réduire d’un cran la cote de crédit de la firme d’ingénierie, qui vit des complicati­ons importante­s dans un projet minier en Amérique du Sud.

En plus de se trouver au coeur du scandale politique de l’heure à Ottawa, SNC-Lavalin a annoncé lundi que les problèmes vécus avec son client — non identifié — pourraient mener à une perte de 350 millions dans sa division de mines et de métallurgi­e pour le seul quatrième trimestre de 2018.

La compagnie montréalai­se, qui compte 8700 employés au Canada et 50 000 dans le monde, a donc réduit ses attentes de rentabilit­é pour l’année 2018 dans son ensemble, déclenchan­t du coup un recul de plus de 7 % du cours de son action. SNC-Lavalin a également avancé des prévisions préliminai­res pour 2019.

«La décote reflète principale­ment nos attentes selon lesquelles les bénéfices et le flux de trésorerie de SNC-Lavalin seront plus faibles que ses propres prévisions au cours des deux prochaines années», a écrit l’agence de notation mardi soir. Le flux de trésorerie désigne la quantité d’argent qui entre dans les coffres d’une entreprise comparativ­ement à ce qui sort.

SNC-Lavalin a également précisé lundi qu’elle a discuté avec ses prêteurs, mais que sa marge de crédit totale se chiffre à 1,8 milliard et qu’elle n’a pas besoin de recourir à de nouveaux capitaux propres.

S & P a fait passer la cote de SNC-Lavalin de BBB à BBB-, ce qui classe toujours la compagnie dans les titres dits « investissa­bles ».

Différents enjeux

Dans sa note aux clients, S & P évoque également le risque d’un «ralentisse­ment potentiel de l’économie mondiale » compte tenu du fait que « nous nous trouvons dans la deuxième moitié du cycle de crédit ». De plus, le projet minier problémati­que remet en question « les processus de gestion du risque » et pourrait entraîner des coûts de restructur­ation supérieurs aux attentes, a estimé l’agence de notation. Les tensions entre le Canada et l’Arabie saoudite, qui représente 11 % du chiffre d’affaires de la compagnie, sont un autre facteur.

Quant au spectre d’un procès crimi-

La cote de SNC-Lavalin est passée de BBB à BBB-, ce qui classe toujours la compagnie dans les titres dits « investissa­bles »

nel lié aux accusation­s pour corruption et fraude concernant ses activités passées en Libye, S&P se montre prudente. « À notre avis, un dénouement négatif affaiblira­it sa position au Canada, qui représente une part significat­ive de ses activités et ses bénéfices. Cependant, nous ne pouvons chiffrer la probabilit­é d’un dénouement et considéron­s ceci comme un risque se situant au-delà de notre horizon d’analyse. »

À la Bourse de Toronto, le cours de l’action de SNC-Lavalin a perdu mercredi 0,8 %, à 34,02 $. En raison notamment des baisses importante­s observées lorsque les procureurs fédéraux ont refusé en octobre 2018 la négociatio­n d’un accord de poursuite suspendue et lorsque la compagnie a révisé ses attentes lundi, l’action accuse un recul de 35 % par rapport à l’an dernier.

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