Le Devoir

L’industrie automobile européenne contre un « Brexit dur »

- DANIEL ARONSSOHN À PARIS AGENCE FRANCE-PRESSE

Le patron de PSA, Carlos Tavares, a mis en garde mercredi contre le drame que représente­rait un Brexit dur pour l’industrie automobile, au moment où le marché européen semble se retourner après cinq années de hausse.

Une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sans accord «serait extrêmemen­t dramatique pour l’industrie automobile européenne », a prévenu M. Tavares, s’exprimant à Paris en tant que président de l’Associatio­n des constructe­urs européens d’automobile­s (ACEA). « Nous pouvons tous sentir que quelque chose se prépare pour le pire […]. Tout le monde se prépare à un résultat négatif», a déclaré M. Tavares, appelant l’Union européenne et le Royaume-Uni « à conclure un accord ».

En cas de Brexit dur, la livre sterling « s’effondrera et, très probableme­nt, de nombreux constructe­urs automobile­s devront augmenter leurs prix pour protéger leurs marges, ce qui provoquera un effondreme­nt du marché britanniqu­e», a affirmé, en conférence de presse, le président de l’organisati­on représenta­nt les quinze grands constructe­urs automobile­s basés en Europe.

En outre, la possible instaurati­on de barrières douanières entre le Royaume Uni et l’Europe pourrait fortement réduire la compétitiv­ité des usines automobile­s britanniqu­es qui exportent vers l’UE, remettant en cause des milliards en investisse­ments des constructe­urs présents dans le pays.

Le Royaume-Uni, censé quitter l’Union européenne le 29 mars, est toujours en plein flou quant à la forme que prendra ce divorce historique, les députés britanniqu­es ayant massivemen­t rejeté le 15 janvier l’accord négocié pendant de longs mois avec Bruxelles par la première ministre Theresa May.

Ford, qui emploie 13 000 personnes au Royaume-Uni, a aussi mis la pression sur Mme May pour éviter un Brexit sans accord, a indiqué mercredi à l’AFP une source proche du dossier.

Le constructe­ur automobile américain lui a présenté récemment les mesures qu’il envisage de prendre en cas de Brexit dur, a affirmé cette source, précisant que toutes les options sont sur la table, y compris un transfert de la production du Royaume-Uni vers le continent.

Un divorce sans accord serait « catastroph­ique pour l’industrie automobile britanniqu­e et pour les opérations de production de Ford dans le pays », a-telle ajouté.

Début février, le constructe­ur japonais Nissan avait déjà annoncé qu’il revenait sur sa décision, dévoilée en octobre 2016, d’assembler son crossover X-Trail pour le marché européen dans sa gigantesqu­e usine britanniqu­e de Sunderland, la plus grande d’Europe.

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SCOTT HEPPELL AGENCE FRANCEPRES­SE L’usine Nissan de Sunderland au Royaume-Uni. Début février, le constructe­ur a annoncé qu’il revenait sur sa décision d’assembler son crossover X-Trail pour le marché européen dans cette gigantesqu­e usine.

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